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NICOLAS SAUVAGE // HALL OR NOTHING

Dernière mise à jour : 22 févr.



Par Mathieu David Blackbird


APRÈS SES LIVRES SUR PAUL WELLER, DAMON ALBARN PUIS MORRISSEY –

SUIVI D’UN PETIT PAS DE CÔTÉ EN DIRECTION DU GRAND CURTIS MAYFIELD –

NICOLAS SAUVAGE COMPLÈTE AUJOURD’HUI LE CARRÉ MAGIQUE AVEC LA LÉGENDE

DE COVENTRY QUI, DE NOS VÉNÉRÉS SPECIALS À UNE REMARQUABLE ESCAPADE EN

SOLITAIRE EN PASSANT PAR L’AVENTURE FUN BOY THREE ET LES DÉLICATS COLOUR FIELD,

FUT ET RESTE UNE FIGURE MAJEURE DE LA MUSIQUE POPULAIRE BRITANNIQUE.


Ancien disquaire désormais chargé de médiation culturelle à La Rodia à Besançon, l’érudit Nicolas

Sauvage a beau être également conférencier, ses ouvrages ne revêtent jamais les vilains atours des

thèses universitaires souvent assommantes que nous infligent parfois musicologues et autres

spécialistes. Il en va également ainsi de Terry Hall - Something Special qui allie une fois encore rigueur,

minutie et passion. Ce remarquable ouvrage – préfacé par Horace Panter qui fut le bassiste des Specials – nous replonge dans l’Angleterre grisâtre de la toute fin des années 1970 qui n’allait pas tarder au sortir du punk à singulièrement s’échauffer sur le revival ska principalement initié par le label 2 Tone créé par Jerry Dammers – génial producteur et claviériste de ces mêmes Specials dont il était le fondateur. On y croise la foisonnante scène musicale de l’époque et l’on y suit le parcours semé de chef d’oeuvres certifiés - et de quelques cuisants ratages - de ce merveilleux chanteur et parolier que fut Terry Hall.

" Outre l’intérêt que je porte à Paul Weller, à Damon Albarn ou à Morrissey, le choix d’écrire sur eux a

également été dicté par un constat qui, de prime abord, peut presque paraître secondaire. Pour une

multitude de raisons, il se trouve que leur parcours respectifs dépasse très largement leur

discographie personnelle. Suivre Paul Weller, et à plus forte raison tenter de rendre compte de sa

carrière artistique, c’est également entreprendre une sorte de voyage qui mène l’amateur des Sex

Pistols jusqu’à Alice Coltrane, en passant par la house, la Nouvelle Vague française, le funk de

Parliament ou le folk de Tim Hardin. En somme, c’est un point de départ fantastique pour un

mélomane, comme pour un auteur. A mon humble niveau, je cherche toujours à trouver un point

d’équilibre entre la carrière du musicien sur lequel j’écris et l’univers culturel dans lequel il évolue.

Qu’il s’agisse de Weller, d’Albarn ou de Morrissey, j’ai découvert maintes et maintes choses en

suivant leur trajectoire au fil des années. Morrissey m’a mené vers une partie de littérature que

j’affectionne, Albarn m’a fait découvrir Afel Bocoum, Danger Mouse ou Kano, Weller a consolidé ma

culture en matière de soul music… Un inventaire exhaustif serait presque impossible à dresser. Sur

cet aspect, le parcours de Terry Hall répond parfaitement à mes attentes. J’admire l’essentiel de son

oeuvre et je considère qu’il fait partie de ces musiciens qui, sans même le savoir, ont rempli la

fonction de passeur. Terry Hall est indiscutablement un pilier de la grande histoire pop britannique. De mon point

de vue, la pop anglaise n’est jamais meilleure que lorsqu’elle trouve le bon dosage entre son identité propre et

son goût pour l’exploration. En ce sens, la discographie de Terry Hall est admirable. Ce n’est pas une découverte

que j’ai faite en cours d’écriture, mais j’ai trouvé assez fascinant d’être amené à évoquer Prince

Buster, LKJ, Michel Legrand, Echo And The Bunnymen, The Equals, David Byrne, Charles Aznavour, The Pale Fountains, Bobby Goldsboro ou Richard Hell au fil du récit. Je n’aurais sans doute pas eu la même sensation en écrivant sur Foreigner."




©Julie Sauvage
©Julie Sauvage

Les trois musiciens Britanniques dont Nicolas Sauvage avait jusque-là retracé le parcours sont tous des figures hautes en couleur dotées de fortes personnalités - Terry Hall paraît en comparaison relativement effacé, modeste et désabusé. Il semble traverser les différentes étapes musicales de sa vie comme si de rien n’était - en passant - même au plus fort de l’aventure Specials. Son atypie est en ce sens assez fascinante.

" Il est évident que la personnalité de Terry Hall a impacté l’admiration que je lui porte. Ce n’est

pas à moi de dire si c’est réussi ou pas, mais dans le livre, j’ai tenté de mettre l’accent sur certains

aspects moins exposés de son caractère. C’est notamment le cas de son grand sens de l’humour qui

se devine autant dans ses textes que dans son rapport au show business. Je me souviens notamment

d’une interview dans laquelle il évoquait l’étonnement de ses voisins à le voir tondre sa pelouse

après être passé à Top of The Pops la veille. De mémoire, Hall conclut cette anecdote en disant :

« C’est leur problème, mais ma pelouse a besoin d’être tondue ». Je suis assez sensible à ce mélange

de normalité revendiquée et d’humour pince-sans-rire. Je n’irai pas jusqu’à parler d’un homme

effacé, mais il me semble assez juste d’affirmer que Terry Hall a toujours fait de la musique sans se

soucier du grand cirque rock’n’roll. Un autre point me semble important, concernant plus

spécifiquement l’aventure Specials. Si Terry Hall fut le chanteur du groupe, son leader incontestable

reste Jerry Dammers. En ce sens, Dammers - qui fait naturellement partie des personnages principaux

du livre - a donné le ton, comme la direction, au groupe. La place de Terry Hall était logiquement plus

en retrait. Comme le souligne Horace Panter dans la préface du livre, Hall a grandi en public et les

autres membres des Specials étaient légèrement plus âgés. Je pense que sa personnalité se dessine

plus nettement à partir du lancement de Fun Boy Three."


On se plait désormais à imaginer Nicolas Sauvage s’occuper du cas d’autres figures majeures de la

musique Pop Britannique - Elvis Costello, Jarvis Cocker ou encore l’immense Kevin Rowland par

exemple.

"J’ai du mal à imaginer un amateur de pop britannique faisant l’impasse sur ces trois-là ! Oui, ce sont

évidemment des musiciens que j’aime beaucoup et, dans le cas d’Elvis Costello, qui

m’impressionnent par leur à-propos après tant d’années. Comme je le soulignais précédemment, en

tant qu’auteur ma recherche du combo carrière artistique impeccable et univers tentaculaire serait

au rendez-vous avec des artistes de ce calibre. De là à me lancer dans un tel chantier, je ne sais pas…

C’est quand même une montagne ce Costello ! Quant aux deux autres, il y aurait également

beaucoup à dire, mais je n’ai pas pour projet de m’y atteler prochainement. A vrai dire, j’ai mis

beaucoup d’énergie à écrire sur Terry Hall. J’ai essayé de retranscrire ma passion pour son oeuvre

tout en m’efforçant de produire un travail rigoureux… avec les moyens qui sont les miens. J’ignore si

l’enthousiasme du lectorat sera au rendez-vous, mais pour l’heure je vais essayer de faire exister ce

livre au mieux avant de me lancer dans un projet de même nature."


Nicolas Sauvage Terry Hall – Something Special (Le boulon) 2025




 
 
 

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