top of page

-   EN BONUS // INTERVIEWS  -

SUITE DE L'ENTRETIEN PARU DANS PERSONA N°11

Autoportrait au Rollei.jpg

 LINDA TULOUP

À LA LISIÈRE
DU DÉSIR

ENTRETIEN Frédéric Lemaître // AUTOPORTRAIT au Rollei

VOICI VÉNUS, UN LIVRE ENSORCELANT DE PHOTOGRAPHIES DE LINDA TULOUP. SOUS-TITRE : " OÙ NOUS MÉNENT LES ÉTREINTES ". ET DE CE FAIT, CE MINCE VOLUME EN NOIR ET BLANC A TOUT DU LIVRE DÉSIRABLE. ON Y RENTRE DANS UN FORÊT NOCTURNE OÙ LA NUDITÉ D'UNE FEMME NE CESSE DE SE MÉTAMORPHOSER. LE GRAIN DU NU OUVRE AU SONGE : IL Y A DES MASQUES, DES BÊTES AU PELAGE BLANC, DES FUMÉES, DES ÉTINCELLES QUI OUVRENT ENTRE LES ARBRES UN SILLON OÙ SE GLISSE UN TEXTE DE YANNICK HAENEL, LEQUEL NOUS INVITE DOUCEMENT À L'EXTASE DU VOYEUR.

Écoutez le désir comme vous écoutez un chant, comme vous écoutez le vent dans les arbres... lit-on en lettres d'argent en 4ème de couverture de ton livre.

Oui, c’est une phrase de Krishnamurti extraite d’une de ses conférences à Poona (1948). 

Elle aurait pu être le prologue de ce livre mais en être l’épilogue lui convenait mieux.

Je me réjouissais que le livre se termine sur cette phrase qui, selon moi, ouvre à une forme d’infini.  Et les points de suspension font que le livre ne s’arrête pas. Écoutez le vent, c’est écouter l’invisible, non ?  

 

Le titre même : Vénus - où nous mènent les étreintes, mêlé à ces images de nus en forêt donne le ton de l'équilibre perdu entre l'humain et la nature. S'agissait-il de retrouver cette union avec les éléments naturels ?

Il me semble que cette union est primordiale. Je la recherche constamment. Elle est l’origine, elle ouvre les frontières et enchante le monde. Bachelard disait "la forêt est un état d’âme". Être en forêt me met dans un état particulier. Je marche, je me perds. Je pars à la conquête d’un état "sauvage". Et c’est dans cette vérité que je photographie.  

 

Pour les quelques autoportraits qui figurent dans ton livre, tu as délibérément choisi de te mettre en scène dans un clair obscur et seule une des photos caresse une pose très suggestive tout en conservant l'aspect très pudique de tes images. Le désir est-il chez toi un sentiment dont on doit taire l'aveu ?

Un autoportrait est un rituel dans lequel il y a une relation à la vérité, une relation à l’identité. En se photographiant on assigne à la chambre noire une intention auto-fictionnelle. On offre l’image de soi qui s’offre. Une vérité nue. Le bord du vertige. Une photo n’est-ce pas l’éphémère qui nous donne une leçon d’éternité ? De fait, le désir est partout présent. Mais d’où vient-il ? Et que cherche-t-il ? C’est une puissance irrésistible, un surgissement, un parcours initiatique permettant de retrouver l’invisible palais. Le désir n’a pas de certitudes. Pour lui tout est possible. Il tend vers l’absolu. Il est lyrique, c’est un pur élan, une source de poésie. Avec lui on pénètre le secret d’une rêverie, dans une lumière intime, là où les frontières se troublent. On assiste à la naissance d’un feu, à la vie en étincelles.

 Étincelles II (2019).jpg
Femme au loup II (2019).jpg

Étincelles II // 2019.

Femme au loup II // 2019.

Vénus_où nous mènent les étreintes_tulou

Vénus, Où nous mènent les étreintes

Photographies Linda Tuloup

Texte Yannick Haenel

(Bergger Editions) // Déc. 2019.

500 exemplaires numérotés.

Retrouvez notre entretien avec Linda Tuloup dans la revue #11, en vente ci-contre.

bottom of page