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Mademoiselle K

Dernière mise à jour : 1 mai 2023


©Celine Bischoff

L’une des plus emblématiques rockeuses de la scène indé-rock française, Mademoiselle K a sorti son sixième album homonyme l’automne dernier et elle le présente sur scène actuellement partout dans l’hexagone. Révélée au grand public, avec son succès Ça me vexe, elle poursuit sa carrière sans faille, suivie par un public qui lui est fidèle depuis plus de 15 ans. Cet opus, aux textes toujours intenses, bruts, tout en étant subtils et sensibles la révèle sous un nouveau jour où la force du chant occupe une place plus importante, mais bien sûr en gardant la guitare en bandoulière, côté cœur, pour dégainer ces riffs incandescent qui la caractérise et forme son ADN musicale. Nous l’avons rencontrée au détour d’un de ces concerts pour qu’elle nous parle avec cette franchise incomparable de sa musique


Ton dernier album porte ton nom, est-ce que pour autant cela signifie que c'est un album qui serait plus autobiographique ? MK : C'est un album pour lequel je n'ai pas trouvé de titre, parce que ça me fait toujours bizarre "Mademoiselle K ". Et puis c’est vrai que j'ai plein de questions, mais pour la première fois pas de réponse, en tout cas, pas aux endroits attendus. Donc qu'il n'ait pas de titre, ça le représente très bien. Il a failli s'appeler Recommence. J'étais tombée sur une citation que j'aimais bien qui disait en gros : "Ce qui a été ne pouvait pas ne pas être, ce qui commence ne peut pas ne pas commencer. Recommence exactement là où tu en es maintenant ". Je trouvais que ça disait quelque chose et pour moi il y a toujours une envie de recommencement quand je fais un nouvel album. En même temps, bien sûr que je ne recommence pas en venant de nulle part, je dois recommencer en étant qui je suis, en étant Mademoiselle K. Il y a forcément un peu de tout ce que j'ai traversé. Avec toujours la même quête : comment se renouveler en étant Mademoiselle K ou en oubliant qui est Mademoiselle K. Il n'y a pas d'image préconçue. À chaque fois, j'essaie de recréer quelque chosede nouveau.


Une sorte de renouveau que tu voulais exprimer par cet album plus que dans tes disques précédents ? MK : Je ne sais pas. C'est juste que lorsque j’ai la tête dedans, j'ai plus ou moins du recul sur ce que j'arrive à remettre en mouvement ou créer de nouveau. Mais oui, pour moi, il y a des choses vraiment nouvelles, par exemple, d'un titre comme J'rêve d'un CRS. Ce n'est pas un titre que j'aurais fait avant, c'est un titre dont je suis plus fière sur cet album tant pour l'écriture que pour le son, pour l'arrangement. Il y a vraiment quelque chose de mon époque. Nos intensités aussi, mais plus en termes de rock. Je n'aurais pas su faire bizarrement il y a quelques années, dans la manière de chanter surtout. Je pense que c'est la voix qui progresse le plus chez moi. Elle devient mon nouvel instrument de musique. Beaucoup de choses ont bougé entre mon premier album et celui-ci.


Tu dis que ta voix est ton instrument de musique, même si tu es guitariste. Est-ce que ce n'est pas aussi une forme de danger pour toi de vouloir partir sur cette démarche-là alors qu'on ne t'y attend pas forcément ? MK : En fait, je pense que j'ai fait le job principal parce ça m'intéresse toujours d'aller là où on ne m'attend pas et de continuer à surprendre les gens qui ont un certain "a priori ", sur ce que je fais. Et plus tu t'ancres dans le temps et plus tu as à faire à des idées préconçues. En y repensant, dans les noms potentiels, l'album a aussi failli s'appeler La fin, parce que je me suis longtemps dit que c'était la fin d'un cycle et que c'était peut-être la fin de Mademoiselle K, non pas de moi musicienne qui écrit et compose, mais la fin du projet en lui-même. Je le dis dans Trafiquantes de crêtes : "J'ai porté mon nom longtemps dans l'ascension." Au moment où je l'écrit, je ne percute pas, mais après, je me dis qu'il y a ces a priori qu'on a envie à chaque fois de défaire. Il y a encore la tenue de combat, mais ce n'est plus la même, elle change de couleur, de forme...


Malgré le changement d'uniforme, la combattante c’est toujours toi.

MK : Oui, c'est ça exactement. Peut-être que la vraie révolution pour moi, en tout cas musicalement, ça sera d'être dans un projet avec d'autres parce que Mademoiselle K a toujours été un peu dans cette ambivalence d’identité. Après c'est aussi une manière d'être honnête dans ma démarche parce qu'un titre comme Nos intensités , c'est une création de groupe, idem pour Ta sueur. Il y a toujours ce moment de plaisir à retrouver le groupe, mais j'ai envie d'aller plus loin dans ce partage-là et aussi dans la réflexion. Je ne suis pas là à me dire : "Je vais faire un album de chanteuse ", parce que je ne me place pas à ce niveau.


Mais tu l’es quand même sur cet album ?

MK : Lorsque j'ai commencé, quand je me présentais à des gens, je disais: " Bonjour ! Je m'appelle Catherine, je suis musicienne." Je n'en dis pas plus. Musicienne c'est ma première casquette, forcément ça enveloppe plein de choses. Mais pendant très longtemps j'étais guitariste avant même de me dire que j’étais chanteuse. La guitare m'a permis de chanter, c'était un appui corporel important. Il y a des titres que je n'aurai pas su chanter sans elle d'ailleurs. Je pense notamment à un titre comme Jalouse. J'adore la guitare, mais par contre, vocalement, j'aime de plus en plus n'être qu'au chant, mais ça n'aurait pas été possible avant, surtout en live. Pour le coup, c'est un travail de longue haleine.


Dans la façon d’adapter les morceaux pour le live, il y a aussi une partie d'improvisation avec un possible débordement du cadre. Est-ce que c'est ce qui donne sa particularité et son sens premier au live ?

MK : Oui, complètement. On a passé du temps en studio à chiader les compos pour le live en essayant de garder les structures de base. Mais il y a toujours un petit moment de redescente, à se dire : "Okay, c'est vrai que c'est le live, oublie tout ce que tu as chiadé en studio, là, c'est autre chose ". Les émotions bougent dans tous les sens, les gens les traquent. Je me le reprends toujours en pleine gueule, mais on est tout à fait d'accord que le live c'est à chaque fois se réapproprier un territoire indomptable et c'est pour ça que c'est bon. C'est un vrai travail aussi à nouveau d'accueillir toute l'incompatibilité d'un concert.


Stéphane Perraux


Mademoiselle K (Kravache) 14 octobre 2022




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