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LYSON LECLERCQ // MICROCOSME

Dernière mise à jour : 30 mars




Mais de quelle galaxie vient-elle ? Du fond de l'espace surgit une nébuleuse, le sourire allumé comme une lune pleine, et jouant aux billes avec les planètes. Là un soupir de Vénus, là un grondement de Mercure, plus loin une froideur plutonienne qui ne demande qu'à se réchauffer à la guerrière Mars car le combat est amour et l'amour prend sens à chaque instant dans ce disque météore. Composé par Yan Péchin, Emmanuel Baroux, Butch mc Koy et Lyson elle-même, la blonde poétesse en signe également les textes qu'elle se délecte de nous faire parvenir par sa voix douce et lascive. C'est assurément un disque du soir, un disque de l'intime... quand les étoiles scintillent à qui sait les voir et les entendre car n'oubliez pas : " Les mots de nuit sont des trésors ".


Microcosme est comme une synthèse de ce que tu as déjà réalisé, mêlant d'anciens titres à de nouvelles compositions. Quelle est l'histoire de ce disque ?

Microcosme est une exploration musicale, poétique et instinctive. Mon travail s'articule autour du lien entre la musicalité des mots et leur étymologie, cherchant à saisir la magie inhérente à leur sonorité. Ce disque est un voyage nomade, façonné en collaboration avec divers musiciens aux univers singuliers. Les créations qui ont émergé de cette expérience partagent un fil conducteur initiatique, et les rassembler au sein de ce coffret vinyle représente une culmination.



Sensualité, sexualité même, tes mots très imagés et ta voix langoureuse caressent les courbes d'un désir comme si toute ta poésie était une étreinte avec le cosmos. Quel rapport fais-tu entre le charnel et le spirituel ?

Pour moi, la spiritualité est omniprésente ; elle réside en chaque élément de l'existence, des végétaux aux insectes, des animaux à nos propres corps. Les particules qui composent un arbre, un chevreuil, ou qui s'étendent de la terre jusqu'aux confins du cosmos, font partie intégrante de notre être. Comment pourrions-nous ne pas embrasser ce qui nous est intrinsèquement similaire ? La sensualité est une expression de cette spiritualité environnante, une manière d'explorer et de célébrer notre connexion profonde avec le monde qui nous entoure.



Anatomie du feu est inspirée de Louise Ackerman. Qui était-elle ?

Louise Ackermann était une poétesse née en 1813, reconnue pour sa poésie et décriée pour sa liberté. Lorsque je m'engage dans le processus d'écriture, il arrive parfois qu'une phrase émerge de mon esprit pour devenir la pierre central de ma composition. Parfois, je retrouve l'origine de ces phrases, mais d'autres fois, elles demeurent mystérieuses. Pour Anatomie du feu composé par Yan Péchin, ce sont les mots " entre deux infinis " tirés d'un poème de Louise Ackermann qui ont inspiré ce texte, explorant la question : entre deux infinis, que deviennent nos cris de révolte ?



Le graphisme compte beaucoup dans cette oeuvre. Tu as pensé l'habillage du disque comme un coffret renfermant une carte, un livret des paroles avec une police de caractères comme des hiéroglyphes. Tu appelle cela : Un Livre Hâle Chimique – Une carte céleste  – Un Disque astral. Parles nous de la conception de cet objet.

Nous avons travaillé sur la conception de cet objet avec Claire Cecchini des éditions Fabulla et Cécile Carrer, illustratrice. Tout comme avec les musiciens, c'était stimulant de voir quelqu'un d'autre s'approprier mon travail et lui donner une nouvelle forme. La création collective apporte une énergie après le travail solitaire d'écriture. Le terme Livre Hâle chimique évoque mes recherches ancrées dans les croyances anciennes, en particulier l'alchimie, une source d'inspiration pour de nombreux poètes. Pour moi, le grand oeuvre est philosophique ; chacun est l'alchimiste de sa propre transformation, et la création peut en être la démonstration. Avec la créativité de Claire et Cécile, nous avons donné vie à une carte céleste microcosmique, une galaxie qui prend forme à partir de l'imagerie de mon album Microcosme. De la poussière de SEL premier poème de l'album, à l’immensité de ALSAAD SUGAA EEJ il y a un changement d’échelle qui s’incarne dans cette carte céleste. Microcosme est un disque astral ; toute création est astrale, née d'une galaxie à la fois intime et universelle.



Le dernier titre, Alsad suugaa Eej, justement, est écrit et chanté dans une langue inconnue qu'on pourrait croire inventée. Quelle est-elle ?

Alsad suugaa Eej est un chant traditionnel en langue mongole. Il s'agit du troisième morceau de mon album Shirtee Dee, composé par Butch Mckoy. Shirtee Dee raconte une transe lors d'un rapport sexuel, transportant les deux protagonistes dans un voyage "astral" en Mongolie. Apprendre cette langue m'offre une grande liberté et un plaisir physique intense. Physiquement, elle sollicite des zones peu utilisées dans les langues européennes. Dans cette langue, le sens s'estompe au profit de la sonorité, offrant une échelle onirique et mystérieuse qui me procure une vaste gamme émotionnelle.



En quoi le titre Nérée est-il inspiré d'Apollinaire. Que dire de lui, de sa poésie ?

" Sur l'horizon brumeux, voir l'éclat, la beauté du lieu. Il appartient à l'oeuvre solitaire, écrire est son aveu."

Apollinaire, célèbre pour son recueil Alcools (une sélection de poèmes rédigés depuis ses débuts), a marqué la scène littéraire du XXe siècle avec son style novateur et ses expérimentations poétiques. Sa création du terme "surréalisme " en 1917 a profondément influencé mon travail artistique. Le morceau Nérée, composé par Yan Péchin et Valentin Thénot, explore l'acte d'écrire, le cheminement créatif et la motivation intrinsèque qui anime l'artiste. Apollinaire se manifeste dans ce texte à travers l'expression " illusion particulière ". En effet, qu'il s'agisse d'un auteur, d'un musicien, d'un peintre ou d'un sculpteur, chaque créateur façonne sa propre " illusion particulière " à travers son art. Apollinaire incarne l'idée de l'artiste solitaire, naviguant sur l'horizon brumeux de l'inspiration pour révéler l'éclat et la beauté du lieu.


Sel est le premier titre du disque et un clip très sensuel en a été réalisé. Étonnamment, on dirait presque de l'image de synthèse. Comment a t-il été conçu exactement ?

Dans la création de Sel composé par Emmanuel Baroux, nous avons exploité le potentiel onirique infini offert par la technique. Anthony Serres a travaillé avec divers logiciels, notamment Végéta qui permet de créer des végétaux. Pour les modèles 3D, nous avons utilisé une application mobile qui permet de scanner l'environnement, puis d'importer ces scans dans un logiciel 3D grâce à la photogrammétrie. Assister à la naissance de ces images a été une expérience nouvelle et gratifiante, la technique s'est mise au service de la poésie, créant une fusion entre l'art visuel et la musicalité.


Frédéric Lemaître







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