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HUGO CHASTANET // FOREVER YOUNG


©Marc Chastanet
©Marc Chastanet  

Par Mathieu David Blackbird     


" C’EST L’ALBUM QUE J’AI TOUJOURS VOULU FAIRE." LE MUSICIEN FRANÇAIS À LA BELLE VOIX CLAIRE OPTE À L’OCCASION DE SON SIXIÈME ALBUM POUR LE CHANT EN ANGLAIS ET DÉCIDE DE MONTER LE SON. FROM THE TREES SONNE AINSI COMME UN RÉJOUISSANT NOUVEAU DÉPART.


Voilà un jeune sexagénaire dont le parcours musical s’avère régulièrement passionnant – depuis d’étonnant débuts sur le label Belge Crammed Discs en 1996 jusqu’à ce nouveau long-jeu plein de sève et aux contours power Pop.

" Mon parcours de musicien, il est discret, il aurait pu l'être moins. Un peu à cause, ou grâce à moi, aussi aux circonstances, à la chance, je ne sais pas. Je ne suis pas quelqu'un qui regrette, je suis quelqu'un du moment et j'aime avoir des projets. J'aime énormément mon premier album, La Formule, et le troisième, L'Homme Du Soir chez Hot puma records. Le premier chez Crammed, c'était une expérience magnifique. Marc et Véronique Hollander sont des personnes que j'aime vraiment beaucoup, ils m'ont écouté, encouragé, permis de faire deux albums. L'enregistrement avec Bertrand Burgalat était un peu spécial, surtout pour le novice que j'étais, mais j'ai malgré tout un très bon souvenir de lui. Le mixage avec Gilles Martin était très chouette aussi. Je n'aime pas tellement mon deuxième album – La Nuit Des Balançoires -, il contient quelques belles compos, mais je trouve la prod et le mix très mous. Tout tombe un peu à plat. C'est un peu l'album préféré des fans de pop timides et en pull dans ma discographie ! L'Homme Du Soir, je l'aime beaucoup car il marque ma rencontre avec Sergio Taronna du label Hot puma, et mon retour en Belgique, pays très cher à mon cœur. Plein de rencontres là-bas, à partir de cet album, avec des gens vraiment cool. Il a été mixé par Vincent de Bast, et j'aime le ton de l'album, les chansons. Le suivant, Avalanche, m’embête un peu car j'étais tout guilleret et plein d'entrain lors de son élaboration, mais il n'a intéressé personne..."


Il y eut ensuite le formidable et acoustique Dix Chansons Naturelles Et Sauvages – dont le beau disque qui nous occupe aujourd’hui prend le parfait contre-pied. Si la première écoute de From The Trees déconcerte quelque peu – la faute à une section rythmique basse-batterie sans grand relief - l’oreille se fraie vite au fil des écoutes un chemin dans cet enchevêtrement de guitares et retrouve rapidement ses repères - grâce notamment à cette voix superbe qui nous prendra toujours par les sentiments. Les chansons émergent lentement de cette brume électrique et se dévoilent peu à peu – belles et émouvantes.


"J'ai enregistré assez vite parce que tout est venu assez spontanément, les chansons coulaient de source. L'album n'est pas si brut, il y a en réalité pas mal d'arrangements, mais avec des guitares. Je voulais que ce disque sonne vivant, avec une pâte sonore très concrète, palpable. On peut dire que j'ai joué les guitares et les basses de manière très naturelle, presque comme en concert. J’avais des textures précises en tête, quelque chose d'américain, de grands espaces et une rugosité, avec en même temps beaucoup de mélodies. L'ingénieur du son, Renaud Houben, a fait un travail remarquable, il a parfaitement compris le son après lequel j'étais en train de courir -  j'aime énormément son mix de l'album."


In The Dark, I Walk A Mile - et son pont magnifique - et cet épatant Moonfish qui évoque par moments les splendeurs de Big Star : Hugo Chastanet est un mélodiste doué et le rappelle ici avec brio. S’il s’était déjà approprié le chant en Anglais à l’occasion de Cover Me, un bel e.p. uniquement constitué de reprises – de The Church à The Cure en passant par The Cars ou OMD – c’est la première fois que le résident de Clisson prend le virage sur la longueur d’un album - et ce ne sera a priori pas la dernière.


"From The Trees n'est pas un pas de côté, c'est l'album que j'ai toujours voulu faire - mais jamais vraiment osé. Je pense que c'est mon meilleur album, avec La Formule et L'Homme Du Soir. Il faut comprendre que, même si je m'en suis accommodé, pendant des années je me suis senti un peu coincé de chanter en français. Je n'aime pas trop ça. Je n'écoute pas beaucoup de chansons en français. J'aime Daho, Voulzy, les premiers Dick Annegarn, certaines chansons par Françoise Hardy et Polnareff, et ça s'arrête à peu près là. Arnaud Fleurent Didier, vachement bien aussi."


Hugo Chastanet convoque sur ce disque quelques grands anciens – dont certains se voient remerciés dans les crédits - et s’offre pour ainsi dire une petite croisière sur le Neil.


"Je suis complètement infusé aux musiques américaines et anglaises. Wings, Todd Rundgren, Big Star, Neil Young, Van Morrison, Bob Dylan, Raspberries, REM - mais aussi les groupes qui ont élaboré des musiques complexes et accessibles - ce que j'admire beaucoup - comme Genesis, Weather Report, Steely Dan, la soul des années 70. J'aime tout ça. J'ai donc dès le début prévu de faire cet album en anglais, car je me suis toujours senti un peu à l'étroit vocalement, avec les textes français, les sonorités du français. Lorsque je chante en anglais je me sens plus libre, j'arrive à mieux utiliser ma voix comme je veux. Au départ, j'avais composé des chansons avec des outils différents, pas mal de boucles, d'instruments virtuels. Rien d'électro, mais la guitare n'était plus au départ des chansons. J'ai ensuite demandé à Elinor Blake - alias April March - si elle avait envie d'écrire des textes sur mes mélodies et elle a accepté. Nous avons eu pas mal de très chouettes conversations - on a pas mal de goûts en commun. Sauf, pour ma part, le côté clin d'œil 60’s assez présent dans son travail - ça ne m'intéresse pas. Nous avons avancé et bouclé quasiment un album. C'est alors que j'ai recommencé à jouer de la guitare électrique, et là... révélation. J'ai été traversé par une sensation très vive et eu envie de composer de nouvelles chansons. Et les compositions ont commencé à pleuvoir, très naturellement. Au début je me suis dit que ça allait compléter l'album en cours, mais les nouvelles chansons se sont révélées beaucoup plus fortes que les précédentes, et j'ai continué jusqu'à avoir un nouveau nouvel album entier ! J'ai donc choisi de privilégier ces chansons, plus cohérentes, stylistiquement plus proches de moi. J'ai alors décidé d'écrire tous les textes moi-même, je me suis lancé."


C'est une constante sur les disques d’Hugo Chastanet : les textes sont oniriques et surréalistes mais fréquemment très sombres – comme des rêveries gothiques.  Il y est souvent question de fantômes, de mort et de parents qui se déchirent.


"J’ai été très tôt sensible aux histoires extraordinaires où le merveilleux côtoie l’horrible. Ainsi, dans mes films préférés de tous les temps se trouvent Le Fantôme de Madame Muir et Le Portrait de Jennie, qui sont des rêveries poétiques sur l’amour au-delà de la mort. J’ai toujours eu très peur de la mort. Pas au quotidien, mais lorsqu’il me prend d’y réfléchir, ce que je ne fais plus trop. Mes parents se hurlaient dessus fréquemment, et cela m’a profondément marqué évidemment. La musique et la littérature, le cinéma, ont été pour moi des lieux sûrs. Les romans et les films empreints d’étrangeté m’ont permis de m’échapper. Et aussi les autres, dont je cherchais la compagnie de manière forcenée. Mes textes sont souvent des scènes d’une histoire, qui mêle imagination et autobiographie. Avec des moments de félicité et des instants d’horreur. Un peu comme dans les films de Lynch, que j’ai toujours eu la sensation de recevoir et de comprendre facilement. Et comme dans mon enfance, qui oscillait constamment entre émerveillement et peur viscérale. La chanson From The Trees me vient du Baron Perché, roman que j’aime particulièrement. Moonfish évoque la mémoire d’une amie d’enfance partie il y a deux ans. In The Dark est une histoire d’amour qui suggère le vampirisme comme condition à cet amour, Another Time se promène parmi des souvenirs de vacances à La Ciotat et Saint Cyr les Lecques lorsque j’étais enfant. Même ce qui semble bizarre est vrai dans celle-ci. L’imagination joue des tours, bons ou mauvais - moi, elle m’a aidé à supporter les éclats de mes parents."



Hugo Chastanet  From The Trees ( Hot Puma records) 2025
Hugo Chastanet  From The Trees ( Hot Puma records) 2025


 
 
 

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