top of page
Photo du rédacteurPERSONA

Dead Chic // Serenades & Damnation


©Valentin Danton

Le combo mi-British mi-Jurassien DEAD CHIC, formé dans son noyau d'origine par le chanteur Andy Balcon et le guitariste Damien Félix, se taille la part belle d'année en année au panthéon de nos écoutes fétiches. De singles tubesques en EP remarquables, il passe à la vitesse supérieure en sortant un premier long format, mettant ainsi en perspective leur talent indéniable à construire un univers palpitant. DEAD CHIC nous revient donc avec Serenades & Damnation nous plongeant plus profondément dans un véritable tourbillon narratif et musical, avec des mélodies sublimes et des hymnes grisants, épaulés par de grands moments de musicalité blues-rock aux accents latins solaires à mi-chemin entre Nick Cave et Ennio Morricone. Ce disque se révèle tel un joyau brûlant au plaisir infiniment captivant, plein d'une vigueur et d'une rythmique irrépressible où nous ne boudons pas notre envie de nous y perdre corps et âme.


On vous a découvert en duo à vos débuts. Deux ans plus tard, vous sortez votre 1er et très attendu album Serenades & Damnation. Quel en a été le point de départ créatif ?

Je dirai que Serenades & Damnation fait partie du même élan créatif qu’à nos débuts avec Andy ; lorsque nous avons commencé à écrire ensemble et à échanger des images de paysages, de grands espaces. C’est peut-être d’ailleurs son point culminant avant de prendre un autre chemin esthétique. Le point de départ de cet album reste le premier titre que nous avons écrit ensemble, Too Far Gone, qui a vraiment planté les bases de la suite et la volonté pour nous d’aller au bout de cette idée.


Est-ce que le fait de réaliser ce premier album vous a permis de mieux affirmer l'univers de votre groupe ?

Avant d’entrer en studio, nous savions où nous voulions aller en termes de production. Je pense que sur cet album nous avons poussé les curseurs plus loin, exploité les ingrédients de nos précédents EP à fond, de manière beaucoup plus approfondie. On retrouve ce côté « grands espaces », cet aspect cinématographique mais nous avons tenus à affiner notre son, souligner nos marqueurs tout en gardant la spontanéité et l’intensité du live.


Toujours aussi expressive et cinématographique, quelles sont les raisons principales de l'évolution de votre musique ?

Comme beaucoup de monde je pense, c’est d’abord le recul sur son travail. C’est en réécoutant ses précédents ouvrages qu’on se dit qu’il faut évoluer dans tel ou tel domaine. Telle intention était juste mais pourrait être mieux retranscrite, telle direction n’était peut-être pas la bonne, ou en tout cas ne l’est plus maintenant, etc. On essaye d’affiner, d’écrémer. Et puis évidemment, il y a la musique qu’on écoute sur une certaine période qui vient chatouiller le processus de création, de manière évidente ou non. Par exemple, pendant l’écriture de cet album et en tournée, nous avons beaucoup écouté de cumbia (la cumbia psyché péruvienne ou mexicaine, je précise), de musique latine ou d’artistes influencés par cette culture. Une fois qu’on sait ça, on peut retrouver certains éléments de ces musiques dans nos titres.


Vous avez enregistré avec Peter Deimel au Studio Black Box et collaboré avec Flavien Van Landuyt pour les mixes de cet album. Pouvez-vous nous dire ce que cela vous a apporté ?

Ce sont des personnes dont nous aimons et admirons le travail. Et tous les deux ont une personnalité forte, ce qui est important dans un processus où nous avons tenu à typer le son et affirmer une identité. Peter est aux manettes de son studio, il le connaît parfaitement, l’a façonné pendant des années, dans ses moindres recoins. Il a une culture et un savoir-faire dans l’esthétique rock qui sont très précieux. Il sait donc retranscrire des envies sonores et les pousser plus loin. Ces prises sont des vrais petits bijoux et en passant, il a enregistré quelques-uns des albums qui comptent parmi mes favoris, comme le premier album d’Anna Calvi par exemple. 

Flavien est quelqu’un avec qui je travaille depuis longtemps, il me connait bien maintenant et sais où je veux en venir en termes de production. Et je le connais assez bien aussi pour savoir qu’il poussera telle ou telle idée au-delà de ce que j’avais imaginé. Il me surprend toujours. C’est lui aussi quelqu’un d’entier, il a une vraie droiture artistique et n’a pas peur des partis-pris. Quand on se plonge dans les mixes de l’album (je vous conseille une écoute au casque de temps en temps), on se rend compte de la richesse et de la profondeur de son travail.


©Thibaut Chalut


L'atmosphère de Serenades & Damnation navigue globalement entre moiteur énergique en clair-obscur et groove irrésistible. Quelles sont les thématiques qui vous préoccupent ?

Le titre de cet album, Serenades & Damnation , résume assez bien son contenu ; en tout cas, il en donne un bon aperçu. C’est une suite de tableaux impressionnistes si je peux dire. Il y est question de relations humaines, d’aventures, d’amour avec cette façon décalée qu’à Andy de raconter ce genre d’histoire, toujours sous un prisme original et inattendu. Ce que j’aime dans sa façon d’écrire, c’est cette manière de ramener la grande histoire dans la petite. Il y a énormément de références mythologiques et religieuses dans ces textes, plantées dans des situations qui à première vue peuvent paraître prosaïques. Il peut être question dans la même phrase de prophète et de Volvo 240 par exemple, ou encore de prêche, de sirène et de chèque de banque. Tout ça ramène du sacré et de l’importance dans nos actions d’humains mortels.


Sur le titre Mirage, aussi puissant que surprenant, vous invitez la chanteuse Tuğçe Şenoğul. Pouvez-vous nous raconter l'origine de ce titre ?

Mathis Akengin, le claviériste du groupe est franco-turc. Ses parents sont installés à Istanbul, une ville dans laquelle il se rend régulièrement. Il a donc un attachement particulier à cet endroit. Il nous a fait découvrir plusieurs artistes dont Tuğçe Şenoğul, dont la voix m’a tout de suite parlé sur sa chanson Kaptan. Nous cherchions quelqu’un pour Mirage que nous étions en train d’écrire et à l’écoute de Kaptan, nous nous sommes tout de suite dit que ça fonctionnerait à merveille. Nous l’avons contactée et elle nous a répondu oui. C’est aussi simple que ça. Plus qu’un featuring c’est une vraie collaboration sur ce titre. Tuğçe nous a proposé un texte, un thème, des mélodies qui se sont parfaitement mariées avec celles que j’avais écrites. Ce genre de collab va vraiment dans le sens de notre processus créatif, de ce besoin d’aller chercher des inspirations au-delà de celles qu’on attend d’un groupe de rock. D’ailleurs, en passant, mon ami Odin Parada, musicien et producteur mexicain a enregistré les percussions de ce titre depuis son studio à Guadalajara.


Le live est un des aspects où vous excellez. Qu'est-ce que ces moments face au public représentent pour vous ?

Le live est pour nous une sorte d’aboutissement ; c’est la partie immergée de l’iceberg.

Quand on y pense, c’est dingue : tout ce travail, des heures d’écriture, de composition, de studio, de réunions, de discussions, des heures de van, de train, tout un tas de gens qui se réunissent au même endroit, qui installent tout un tas de trucs pour… une heure de show. Pour nous, il n'y a aucun doute, il faut que ça en vaille la peine ! Donc le live, c’est le moment de se faire plaisir, d’en donner, d’en recevoir.  Et puis, c’est toujours formidable de partager ça avec des gens qui eux-mêmes ont fait tout un tas de trucs pour pouvoir venir voir ce show. Le live, c’est une bénédiction en fait. C’est l’occasion de recroiser des amis, de s’en faire de nouveaux et de partager une haute dose d’énergie pendant un moment. Nous sommes très reconnaissants des gens qui nous soutiennent, nous suivent et nous témoignent leur affection. Ça m’a chauffé, trop hâte du prochain, du coup.


Stéphane Perraux


Serenades & Damnation (Backstage 2024)




32 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Commentaires


bottom of page