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Sarah Olivier // Vortex


©Christian Mamoun

Les chansons de Sarah Olivier sont passées par bien des diagonales pour en arriver à un tel résultat. Sans jamais laisser ses rêves derrière elle, Sarah se présente aujourd'hui comme une véritable cantatrice punk savoureuse, mélangeant avec talent un post-punk aux notes cold wave, épris d'intensité. Cette dernière incarne une résurgence à mis chemin entre Billy Nomates et Siouxsie Sioux, trash et classe. Il y a en plus cette expressivité qui est mise en avant, avec un jeu un peu théâtral, romantique, un peu gothique, dramatique, dans un mélange mainstream qui fait mouche. Avec sa bande, elle a fait paraître un nouvel opus nommé, Vortex, qui marque un retour à des racines musicales profondes et c’est un gage de qualité en ces temps-ci. Un univers bien difficile à définir, mais qui surtout porte une forme d’attitude et d’expression de soi sombre et puissante qui fascine dès la première écoute. Sarah nous en dit plus sur les origines de cet album remarquable.


Parfois, on dit qu'un artiste a une voix parfaitement taillée pour un style (punk rock, pop, les chansons à textes)… Toi, et plus particulièrement dans Vortex, tu jongles dans des styles très différents avec une aisance et une justesse captivante. À quel moment et comment te rends-tu compte que ta voix a ce potentiel ? J'ai commencé à chanter très jeune et j'ai toujours joué avec ma voix. J'écoutais toutes sortes de musique et je m'amusais à les imiter. Tout y passait : les cantatrices, les chanteuses de jazz, les chanteuses à gouaille, les chants traditionnels, les chanteuses de pop et de rock. J'imitais tout. J'ai comme inconsciemment commencé à me former à toutes sortes de techniques vocales différentes.

Vortex donne un ton atypique troublant et déroutant parfois. Cela donne-t-il un penchant nouveau à tes désirs, tes possibilités ? Chacun de mes albums m'a permis d'explorer et de nourrir mon univers musical et poétique. J'essaye de me troubler moi-même avant tout ! Mes désirs musicaux sont sans cesse renouvelés mais je pense explorer encore un peu le côté rock pop électro car j'y ai trouvé une grande liberté.

Est-ce que ce travail de composition est un exercice où tu as dû dépasser des limites ? Comment l'as-tu vécu ? Cet album a été conçu avec mes musiciens. Par exemple, pour certains titres comme May 1999 ou Mélancolie, mon guitariste, Raphaël Dumas m'a apporté des musiques déjà faites. Pour les autres titres on a travaillé en binôme avec Raphaël ou avec mon batteur Jérémy Lainé. La musique évoluait aussi en fonction de l'avancée des textes. Certains morceaux ont eu jusqu'à 5 ou 6 versions ! Je l'ai vécu comme un moment de création intense, sous fond de confinement, cela nous a permis à tous de nous évader, de nous projeter ailleurs, c'était très salvateur aussi.

Je t'imagines bien faire un duo avec une icône du rock, style Iggy Pop, Thurston Moore ou Robert Smith. Si tu en avais l'opportunité avec qui voudrais-tu le faire ? Je ferai bien un duo avec Diamanda Galas ! Et oui avec Robert Smith ça serait merveilleux !

Scéniquement l’énergie semble être plus dans une influence rock, cold wave. As-tu avec ton groupe développé le set pour en amplifier encore l’intensité ? Oui absolument, sur scène l'énergie est très intense et circule entre nous et avec le public. C'est toujours une expérience forte. On reprend aussi des titres de l'ancien album Suck my toe, très rock, voire post-punk et on rallonge aussi quelques parties qui sont très dansantes pour faire monter en puissance. Il y également des moments plus doux, plus calmes, mais tout aussi intenses. C'est un voyage émotionnel comme me l'ont dit certains fans !


©Christian Mamoun

J'évoquais tout à l’heure, ce qu'a pu t’apporter cet album, peut-être aussi un public dans une tranche d’âge plus jeune ? Oui, le public change. Il a toujours été très mélangé, mais il y a nettement plus de jeunes et c'est fantastique de faire danser la jeunesse !

Tu évoques dans Déconstruction la complicité des relations sentimentales dans lesquelles nous pouvons grandir où nous détruire. Finalement, pour ces deux cas, on en revient à confronter l’envie de l’autre et la sienne. Un questionnement très actuel ? J'imagine que tu veux dire complexité et non complicité (?) '' Déconstruction " est un mot à la mode en ce moment et pour cause ! Nous avons besoin de constater puis de déconstruire. Nos relations sentimentales ou tout simplement humaines sont très cadrées, très normées et doivent souvent répondre à une attente sociétale qu'il est difficile de défier... Autant pour les femmes que pour les hommes, il me semble, sauf que les femmes en ont beaucoup plus souffert dans leur liberté d'action et d'expression. La société nous fait très souvent confondre nos besoins profonds avec nos désirs plus superficiels. C'est difficile de se situer et d'assumer vraiment ce que nous sommes... Dans le clip de Déconstruction, je me mets en scène comme étant 2 femmes, l'une est comme un esprit errant assez fantasque et éthéré constatant une sorte d'apocalypse incontournable, l'autre est une battante, une samouraï urbaine qui va se battre et se mettre en action. Nous sommes toutes et tous tiraillés par nos paradoxes et nos contradictions, c'est ce qui fait que les relations sont aussi complexes que passionnantes, n'est ce pas ?

Malgré tout, cet album semble être très personnel. Est-ce qu’à certains moments, tu as dû puiser dans ton histoire personnelle pour créer ? Je crois que tous les artistes le font forcément un peu sinon cela ne semblerait pas si personnel comme tu dis. Après j'y mets une limite dans le sens où je ne vois pas l'intérêt de me raconter pour me raconter... J'essaye de faire de mes histoires, de mes expériences, de ma vie une source d'inspiration que je vais tâcher de pousser plus loin, plus haut; que je vais sublimer et qui j'espère vont pouvoir toucher mon auditoire et mon public parce qu'ils sentiront que l'émotion de base est la plus profonde et la plus sincère possible. C'est tout de même un exercice de mise à nue mais dans un écrin onirique.

Il y a une saveur particulièrement sombre dans tes chansons, est-ce une façon d’exorciser tes doutes et tes craintes ? Je n'ai pas peur des ténèbres ou de la noirceur tant que je peux jouer avec, tant que je peux les sublimer. Pendant le confinement j'ai dessiné des centaines de squelettes que je punaisais à mon mur, je vivais au milieu des os et je trouvais ça très drôle ! J'ai toujours beaucoup aimé l'humour noir et l'auto-dérision et je pense que c'est le meilleur remède contre les peurs, les doutes et les craintes existentielles. Comment envisages-tu la suite ? Je vais très vite me remettre au travail, pour plonger dans la création d'un 4 ème album. Je vais aussi continuer à dessiner et ajouter un peu de chair à mes os avant d'attaquer l'hiver !

Stéphane Perraux



VORTEX

9 septembre 2022

VITA MUSIQUE / ABSILONE












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