Avait-il décidé son geste, celui de choisir son heure ? Frank Darcel, 65 ans, a ainsi été retrouvé sur une plage espagnole où il était allé chercher du repos, tombé d'une falaise à Ribadeo. Cruel, forcément cruel tant l'homme était d'une gentillesse absolue, d'une grande générosité et un musicien unique dans l'histoire du rock rennais, entre autres passions car Frank était amoureusement engagé dans la vie.
Il va manquer.
Persona vous propose de redécouvrir les trois entretiens qu'il avait donné à notre revue (sans compter celui donné en septembre 2017 à la reformation de Marquis de Sade et celui pour son autre groupe, Republik).
Sire Constance
Il y eu le premier album de Marquis Aurora, né sur les cendres d'un nouvel album de Marquis de Sade qui ne vit jamais le jour en tant que tel après le décès de Philippe Pascal en 2019. Puis la prodigieuse arrivée d'un tout jeune chanteur Belge pour le remplacer au micro, Simon Mahieu au charisme tout autant personnel. Pour Konstanz, ce deuxième opus sous le nom de Marquis et après le départ du bassiste Thierry Alexandre pour raison médical, le groupe s'est entouré de nombreux autres musiciens, prenant presque l'aspect d'un collectif. De New York au Finistère, de Ivan Julian à Elli Medeiros ou Denis Bortek, l'entité musicale du groupe prend donc une nouvelle ampleur.
Konstanz, qui donne son titre au disque, est une ville refuge qui aida des artistes comme Otto Dix ou Hermann Hesse à fuir le nazisme. Pourquoi cette idée de nommer ainsi l'album ?
Frank : Nous ne trouvions pas de titre, c'est une amie qui a proposé que l’on choisisse de nouveau un nom de ville, en référence aux précédents disques : Dantzig Twist, Rue de Siam (pour Brest), Aurora (ville américaine qui se rapportait à un de mes romans). Konstanz est l'endroit où j'ai passé mes dernières vacances, et l’idée nous a plu pour différentes raisons. Quand tu te trouves devant ce lac, tu as l'impression que rien n'a bougé depuis des lustres, que le temps s'est arrêté. Tu es au cœur de l'Europe et, paradoxalement, c’est d'un calme absolu. C'est effectivement une ville connue pour ne jamais avoir éteint ses lumières pendant la seconde guerre mondiale, mais les alliés ne l’auraient sans doute pas bombardée à cause de la proximité de la Suisse. De toute manière, Konstanz était assez retorse aux injonctions du Reich, et beaucoup d'antinazis s’y réfugièrent effectivement. Cette histoire m'a touché. Ensuite, en regardant sur une carte, je me suis rendu compte qu'elle est à équidistance de Dantzig et Brest. A trente kilomètres près en effet, cela donne une sorte de base marquisarde, un triangle archétypal… Et comme Carl Gustav Jung exerçait près d'un lac voisin… Konstanz devenait idéale.
La première chose que l'on voit du nouvel opus de Marquis est la pochette, qui fait forcément penser à Dantzig Twist, le premier album de Marquis de Sade. Était-ce intentionnel ?
F : Au départ non, mais après avoir refusé une première proposition venant des graphistes avec qui nous aimons travailler, Cranes Studio, nous avons eu envie de leur transmettre ce qu'évoquait pour nous la ville de Konstanz, comme Der Blaue Reiter, une des deux écoles expressionnistes allemandes, qui a été créée pas loin de là au début du XXème siècle. Ils ont alors eu l'idée d'utiliser l'Intelligence Artificielle et avec les données intégrées, ça a donné cette image. Je les soupçonne d'avoir soumis à l'I.A des photos de nous, jeunes, car je ressens la présence d’Éric Morinière dans un des trois visages. Mais ils ont gardé le procédé un peu secret…
Au niveau des textes, l'album a été co-écrit par Simon. Qu'est-ce que cela a fondamentalement changé pour Marquis ?
F : Simon est arrivé un peu par inadvertance sur Aurora. Après le décès de Philippe, on avait d’abord pensé arrêter la musique (les deux titres que Philippe a chantés sont restés dans les tiroirs et sortiront un jour pour l'intégrale de Marquis de Sade.) Mais comme nous avions passé déjà tellement de temps en studio, tellement cru en ces titres, et qu’il y avait des investisseurs derrière nous, le challenge était de finir cet album, d’une manière ou d’une autre. Nous avons alors fait le choix d'inviter un chanteur ou une chanteuse par titre. Nous avons eu l’accord d'Etienne Daho, Marina Keltchewski, Dirk Polak, Christian Dargelos et Dominic Sonic. J'ai également chanté sur un morceau. Mais il nous manquait encore des interprètes sur six titres ! Nous avions pensé à Arno pour un autre titre, mais ses problèmes de santé venaient de se déclarer. C'est Adriano Cominotto, un des musiciens d’Arno, qui nous a proposé un «p'tit jeune », chanteur dans l'école de musique où il enseigne : «Il aime beaucoup la musique de vieux punkers comme vous » m'a-t-il dit avec son accent flamand. J'ai adoré la formule. Entretemps, j'avais écrit presque tous les textes et comme je lorgnais sur la Flandre depuis un moment, début 2020 Simon a fait des essais sur les morceaux que nous lui avions envoyés. Nous avons tous été convaincus du résultat et c'est comme ça qu'il s'est retrouvé à chanter sur les morceaux restants. Son niveau d'anglais étant excellent, Simon est un passionné de littérature anglaise du XIXème siècle, il a également retravaillé une partie de mes textes et a co-signé ces titres-là sur Aurora. Il a aussi écrit le texte Glorie, en néerlandais. Après ce premier album sorti en 2021, en plein Covid, nous avons fait de la scène en 2022 et compris que Simon était l’homme de la situation. Je lui ai donc proposé d'écrire ou coécrire les textes anglais pour le second disque de Marquis, et il a évidemment participé à l’écriture de la musique.
Simon, quelles sont tes influences culturelles, toi qui viens de Flandre ?
Simon : Le premier groupe important pour moi, je l'ai écouté lorsque j'avais onze, douze ans, et qui sonnait comme un « plaisir coupable », c'est Rammstein.Ça m'a pris avec une grande force. Je trouve leur songwriting très Kraftwerkien finalement, c'est vraiment comparable, avec ces guitares heavy en plus. Ensuite j'ai vu Alice Cooper en concert et ça m'a durablement marqué. J'adore ses premiers albums quand c'était encore psychédélique et délirant. Puis j'ai écouté les New York Dolls et The Doors, un mélange de choses des années 70/80. Bauhaus et Depeche Mode ont été importants pour moi également. Gary Numan aussi, il a « allumé » mon amour pour l'électronique. Pour ce qui est de Marquis de Sade, quand j'ai fait mes premières voix sur les morceaux de Marquis, je n'avais pas encore écouté leurs anciens morceaux, je ne connaissais pas le groupe. La première chose que j'ai vu sur internet ensuite, c'était leur concert aux Vieilles Charrues ; c'est là que j'ai compris l'importance du groupe en France. Mais c’est maintenant une nouvelle aventure.Je n'ai pas le bagage de Frank et d'Eric, mais je donne le meilleur de moi-même. On travaille beaucoup, mais on prend du plaisir et on a l’impression de construire quelque chose de nouveau, avec ce mix des cultures et des générations.
Le premier titre du disque, Er Maez est un mot breton. Que signifie t-il ?
F : On peut le traduire par : "Ce qui est à l'extérieur " ou "Dehors ", et là on aurait pu ajouter un point d'exclamation. C'est un slogan repris par des jeunes d'extrême gauche en Bretagne qui veulent que les riches quittent la côte et leurs résidences secondaires parce qu'ils ont fait monter les prix et les pêcheurs et ouvriers ne peuvent plus y habiter. Le reste du texte est de Simon, écrit dans cette fibre anarcho-libertaire qu’il affectionne. Simon est par ailleurs tombé amoureux de la Bretagne et il voulait un slogan en breton pour le refrain de cette chanson.
Simon, qui est Mrs. O'Connor que tu évoques dans Er Maez ?
S : C'est mon premier texte en français, qui est ma troisième langue, j’étais content que cela plaise au groupe. O'Connor était le nom marital de Ayn Rand, qui a publié The Fountainhead en 1943 (La source vide). Son livre a eu une grande influence sur l'individualisme aux États-Unis (critiquant même l'altruisme au nom de "L'égoïsme rationnel ".) Cela m’a intéressé car il m’a semblé que cela annonçait l'aspect nihiliste du punk, la fin des faux-semblants.
Immensité de la jeunesse est-elle une chanson sur le désenchantement, sur cet avenir incertain ?
F : Je crois qu'il y a deux approches possibles pour ce texte, dont Simon a écrit la partie en anglais. Éric et moi avons passé les 60 ans ; est-ce qu'on à l'âge de nos artères ou est-ce qu'on reste prêts à jouer encore en y allant à fond ?
Il m'arrive de travailler avec des jeunes groupes et je me rends compte que je suis parfois plus extrême qu'eux quand vient la nuit... Est-ce que c'est le signe qu’on peut être jeune jusqu’au bout ? Je n'en suis pas sûr… L'autre idée, c’est de se demander ce que cela donnerait si on confiait les rênes du bazar qu’est ce monde aux moins de 13 ans, partout. C'est une utopie plaisante à chanter, imaginer cette immensité (plus d'un milliard de personnes) changeant les règles, eux qui ont déjà eu faim et soif pour certains, mais qui n’ont pas encore eu le temps de tuer, ni de violer, ni de faire des placements en action ou des courses de voitures… (rires). L'Immensité de la jeunesse c'est cette pureté d’une classe d’âge qui aspire sans doute à autre chose mais qui n’a aucun pouvoir. Eux seuls pourraient sauver le monde, mais ils vont vieillir ! C’est sans fin…
L'album compte plusieurs invités sur ce disque dont Elli Meideiros, Vernon Reid de Living Colour, Denis Bortek de Jad Wio, Ivan Julian, ex Voidoids, Pierrick Pédron, Apolline Jousseaume, Pierre Corneau ou encore l'inusable Daniel Paboeuf. Est-ce le hasard qui les amènent sur ce projet, des choix voulus à l'avance ?
F : C'est un peu des deux. C'est aussi la maladie de la main de Thierry Alexandre qui nous a conduit à certains changements au départ. Il a tout de même réussi à faire une super basse sur Brighter qui sonne très Marquis de Sade, mais par la suite il ne pouvait plus jouer. On a donc invité des bassistes qui nous plaisaient tels que Jared Mickael Nickerson, bassiste de The The et de Burnt Sugar Arkestra, ou Pierre Corneau, ex-Marc Seberg et actuellement avec Kas Product. La section de cuivres, Mac Gollehon et James Stewart, j’avais déjà travaillé avec eux sur le premier Marquis, et pour un album de James Chance aussi. Mac joue sur la plupart des productions de Nile Rodgers depuis 40 ans, et c’est un type incroyablement sympathique, et tellement efficace. Ivan Julian est un ami et collaborateur depuis longtemps, et c’est lui qui m’a donné le contact de Vernon Reid. Même si Living Color n’était pas un groupe que je suivais de près, j'avais été bluffé dans les années 90 par ce mélange de rock ultra-nerveux et de Hip Hop. Je me suis dit qu’une guitare de Vernon, cela se tentait. Et le résultat sur Er Maez m’a bouleversé, cet homme vient d’une autre planète ! J'espère que ça n'est pas prétentieux de dire ça, mais c'est un disque qui parle d'abord de musique. J'ai toujours aimé inviter de grands musiciens, et quand Vernon Reid, après écoute dit : "ça me plaît bien, je viens jouer ", ou que Pierrick Pedron évoque des dissonances qui lui parlent sur certains titres, et fait des éloges sur la voix de Simon, cela fait plaisir, on sent qu'on n'est pas complètement à côté, même si la musique qu'on joue n'est pas du style le plus joué sur les ondes. Quand j'ai produit La notte de Daho, avoir Jean-Louis Chautemps pour le solo de sax sur Week-end à Rome, avait été touchant et porteur. J'écoute peu de jazz, mais Pierrick Pédron sur I Wasn't Born For Real, apporte quelque chose d'émouvant à Konstanz. On me dit que ce groupe finit par ressembler à un collectif, avec Simon, Eric, Niko Boyer et moi au cœur. Cette idée de communauté de musiciens venant des quatre coins de l’Europe et de NY me réjouit. De les avoir tous sur le disque est une bénédiction. Les duos avec Elli et Denis Bortek comptent aussi beaucoup pour nous sur Konstanz, et on les retrouvera sur scène de temps à autre avec nous, ils sont de la famille. Quant à Apolline, qui avait fait quelques parties de chœur sur le disque, elle est définitivement adoptée. Elle est sur scène avec nous à chaque concert, et Simon lui a décerné le titre de Marquise. Elle apporte énormément au groupe.
Le titre Exotica renvoie au 2ème LP de ton groupe Republik et dont le concept de ville utopique et imaginaire en était le fil rouge. Est-ce un clin d'œil, une sorte de coda ?
F : Nous avons gardé la rythmique et quelques guitares de la version de Republik, et j’ai rajouté de nouvelles guitares et des claviers. Simon a réécrit le texte et, chanté par lui, c'est tout autre chose, mais le sens reste le même. C'est une fuite en avant proudhonienne, cette idée de se retrouver en micro-sociétés partageant des idéaux, loin du bruit et de la fureur. Mais c’est rassurant, peut-être jouable…
Simon, tes textes me donnent l'impression de toujours être adressés à quelqu'un. Comment penses-tu les mots pour Marquis ?
S : Quand j'écris, il faut que ce soit quelque chose de vécu, quelque chose que je ressens fortement en moi. Comme on se construit aussi dans la relation à l’autre, j’aime m’adresser à un interlocuteur imaginaire. Pyramid, l’autre texte que j’ai écrit intégralement sur Konstanz, est une réflexion sur les différents niveaux de conscience. Même si je ne suis ni croyant ni spécialement mystique, je reste intéressé par les expériences spirituelles. Ce sont des choses sur lesquelles on échange avec Frank, on arrive même à meubler des voyages entiers en voiture entre Bruxelles et Rennes. Mais parfois on se contente d’écouter de la musique, de faire découvrir des choses à l’autre ; il dit parfois : « comment, tu ne connais pas ça ? ». Et moi je fais pareil… (rires)
Aux premiers feux termine le disque calmement, tout comme Le Voyage d'Andréa finissait Aurora avec douceur. C'est une constance ?
F : C'est vrai, oui, et comme Submarines and Icebergs sur Rue de Siam. J’imagine que c’est une manière de dire à l’auditeur qu’un disque commence par un enregistrement, et qu’on a besoin de se reposer ensemble, vers la fin. Lui qui nous a écouté pendant quarante minutes, et nous qui avons enregistré, en essayant éventuellement de lui plaire, pendant plus d’un an parfois… C’est une manière de se mettre en phase avec la personne qui écoute, de faire se rejoindre des temporalités différentes, c’est ainsi que je le ressens.
Avec ce texte mélancolique basé sur une absence, et ce mot "Il reste un peu de toi ", on pense forcément aussi à Philippe Pascal. Faut-il y entendre une sorte d'hommage ?
F : Les rangs autour de nous se clairsèment. J'ai perdu un ami d'enfance, comme un frère, il y a six mois et la femme d’Éric est décédée en 2020, c'est donc un peu une lettre aux absents. C'est pour Philippe aussi bien sûr, c'est pour Dominic Sonic, qui chante sur Aurora, pour les disparus de l’aventure musicale rennaise, mais pas seulement, il y aussi tous ces amis parisiens qui sont partis : Guillaume Israël de Modern Guy, il y a si longtemps déjà, Claude Arto, Pierre Godard de Suicide Romeo, et bien d’autres. Avec Elli, qui chante en duo avec Simon surIn The Mood For Sun, nous avons évoqué Denis (Jacno); c’était un mec incroyable, que j’aimais beaucoup. Les jeunes gens modernes ont payé un lourd tribut au début du XXIème siècle et on a beaucoup été affectés dans Marquis ces dernières années, mais ce titre est aussi une chanson d'amour, évoquant l'être aimé qu’on n’a peut-être pas encore rencontré. Romantique isn’t it ? J’aime bien quand un texte offre plusieurs lectures. Se retourner est important, mais pour Marquis, c’est demain qui compte, et c’est d’abord l’interprétation de Simon que je retiens ici. Nous avons éprouvé tellement de plaisir lors de ces concerts de sortie de Konstanz, ces dernières semaines, que l’idée de s’inscrire dans la durée devient très excitante. Nous n’oublierons cependant pas d’où l’on vient.
Frédéric Lemaître
(entretien paru dans le n° 23, printemps-été 2023)
Konstanz (LADTK / Virgin) 2023
Images Annick Fidji
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L’AURORE DE MARQUIS
Long chemin que celui de la création, parfois parsemé d'embuches et de déconvenues. La disparition du chanteur Philippe Pascal a mis un point final dramatique à Marquis de Sade. C'est après mûres réflexions et en gardant toujours à l'esprit la conviction absolue de pouvoir faire malgré tout dans le respect de ce qui était, que naît Marquis sans « Sade » ! Frank Darcel, auteur-compositeur-réalisateur et guitariste de ce nouveau départ, invite d’anciens compagnons de scène à le suivre dans cette aventure, confiant le rôle du chanteur à un jeune talent Simon Mahieu, qui réussit brillamment à nous convaincre unanimement. Gageons que cela s’ouvre sur un brillant avenir avec cette nouvelle formation et que le premier opus réservera pour bon nombre d'entre nous de belles émotions, notamment par les invités prestigieux qui sont présents aussi bien au chant qu'aux instruments. L’entretien avec Frank Darcel lèvera bons nombres de mystères autour de cette création, mais je vous laisse le découvrir la version longue de cet entretien.
Marquis est-il la suite de MDS ou plutôt un nouveau départ ?
Vu la manière dont les choses se sont passées, je ne suis pas certain d’avoir la réponse. Je crois que Simon, Éric, Thierry et moi-même sommes avant tout les personnes qui ont abouti le projet Aurora, avec beaucoup d’amis et d’invités venus prêter main forte. Le plus important pour nous, après le départ de Philippe, était que ces titres sur lesquels nous travaillions depuis si longtemps puissent voir le jour malgré tout. Finir l’album était un but en soi, au-delà de l’idée de monter un nouveau groupe. Maintenant que l’album va sortir et puisque la rencontre avec Simon a été tellement déterminante, on a très envie que Marquis devienne un groupe à part entière et de goûter à la scène. Mais tout cela dépendra de l’accueil de l’album, c’est la loi du genre.
Cet album est-il aussi un hommage à Philippe Pascal ?
L’album lui est dédié ainsi qu’à Dominic Sonic, sans oublier Frédéric Renaud et Henri Abega, autres membres de MDS qui nous ont quittés. Le voyage d’Andrea, en fin d’album, rend plus particulièrement hommage à Philippe et c’est un titre qu’il aurait aimé je crois. C’est un rappel à Submarines & Icebergs qui clôturait Rue de Siam et qui a été passé en ouverture lors de la cérémonie de ses funérailles. La chanson qu’Etienne interprète Je n’écrirai plus si souvent lui est dédiée également.
La formation au cœur d’Aurora est proche du MDS de la dernière tournée puisqu’Éric Morinière, Thierry Alexandre, Daniel Paboeuf, Xavier Géronimi sont là. En quoi cette tournée a-t-elle marqué le processus créatif du disque ?
Aurora est un projet qui s’est construit en plusieurs étapes. Cet album n’existerait pas s’il n’y avait pas eu la reformation de Marquis de Sade. La tournée de 2018 nous a permis de voir que la musique de MDS était toujours d’actualité et aussi de ressentir à quels moments le lien avec le public était le plus fort. De ce point de vue-là, ces concerts ont bien sûr guidé les nouvelles compositions. Mais ces titres tiennent compte également de ce qui s’est passé depuis quarante ans en musique car il n’était pas question de créer un mausolée post-moderne… Et Daniel est là puisqu’il était un invité permanent de MDS, et qu’il continuera à collaborer avec Marquis, quant à Xavier il a été un compagnon de route sur nombre de mes projets depuis trente-cinq ans.
Vous intégrez un jeune chanteur, Simon Mahieu, d'origine Belge. Où et comment l’avez-vous rencontré ?
Quand on a compris qu’on ne pourrait pas avoir un interprète différent par titre et qu’il fallait trouver quelqu’un pour chanter au moins la moitié de l’album, j’ai tout de suite imaginé qu’un jeune homme pas encore connu nous attendait quelque part. Mais il fallait tenir compte du poids qu’une telle participation, même sans garder l’entièreté du nom MDS, allait mettre sur les épaules de ce nouveau chanteur. Je savais que la pression sur un candidat français ou breton aurait été trop forte après Philippe même si l’idée, à partir de là, n’était pas de monter un MDS bis. Je savais par ailleurs qu’en Flandres il y a une école indie rock formidable (Deus, Balthazar, Arno...) et des chances que les jeunes pousses flamandes n’aient jamais entendu parler de Marquis de Sade. L’éventualité d’intégrer un chanteur venu d’Outre-Quiévrain m’a trotté dans la tête dès la fin 2019 et j’en ai parlé à Ad Cominotto, un musicien belge qui a joué avec Arno entre autres, et qui joue des claviers sur l’album. Il m’a dit penser à un de ses anciens élèves en école de musique, Simon Mahieu. J’ai envoyé des playbacks à Simon début 2020 et dès qu’on a reçu ses essais, Éric, Thierry et moi avons su que ça allait coller. Les Flamands ont en plus cet avantage d’avoir un parfait accent anglais, ce qui peut servir quand on fait du rock chanté en grande partie dans la langue de Shakespeare.
L'album compte beaucoup de participants emblématiques. Des chanteurs mais aussi des musiciens tels que Richard Lloyd, Ivan Julian, James Chance, Mac Golehon et James Stewart... Comment as-tu fait pour qu'ils participent ?
J’ai coréalisé un album de James Chance, Incorrigible, en 2012 et lors des prises newyorkaises j’ai fait la connaissance d’Ivan Julian, qui a été le guitariste des Voidoids de Richard Hell. Nous sommes devenus amis. Mac Golehon, qui joue des cuivres avec Nile Rodgers entre autres depuis des années, était aussi de cette aventure avec James. Entretemps, Ivan et James ont joué sur les albums de Republik. Il m’est apparu évident de les inviter sur l’album, tout comme Mac Golehon. Ces musiciens sont non seulement très doués et charmants, mais ils amènent quelque chose de différent, le son d’une ville peut-être. James est inimitable bien sûr et il suffit d’écouter les solos d’Ivan sur différents titres d’Aurora pour comprendre de quoi je veux parler. C’est comme si ces musiciens jouaient leur peau à chaque intervention. C’est un état d’esprit, dans une ville où, si l’on n’a pas quelque chose de pertinent à dire ou à apporter dans le domaine artistique, on cherche un autre job… Pour Richard Lloyd, qui vit maintenant en Alabama, c’est Tina Weymouth qui m’a mis en contact. Tina et Chris Frantz ont toujours été bienveillants avec nous et ils sont très proches de Richard. Ça s’est vraiment bien passé avec lui aussi, qui joue des choses merveilleuses sur Um Immer Jung Zu Bleiben, mais aussi sur Blind, un titre que Philippe a chanté début 2019 et qui sera je l’espère sur l’intégrale Marquis de Sade. Philippe n’est pas venu à NY mais il était très heureux qu’on ait ces invités et principalement Richard Lloyd. Quand il a écouté les sessions de guitares à notre retour, il m’a dit être impressionné par ce que ces musiciens nous avaient apporté. Pendant que je dirigeais les prises là-bas, il m’avait envoyé un mail demandant à ce que ces sessions soient le plus « électrique, barbelé et No New York » possible. J’étais sur la même longueur d’onde, d’ailleurs le solo d’Ivan sur Brand New World est dans cette veine.
Dominic Sonic est présent en duo avec Simon sur une reprise de Lou Reed Ocean, titre du Velvet underground que MDS avait interprété sur scène. Comment s’est préparée cette reprise pour Aurora ?
Dominic s’est proposé gentiment de venir prêter main forte à ce projet qui prenait l’eau à la fin 2019. Et pour nous cela allait de source qu’il soit présent. Dominic était par ailleurs fan d’Ivan Julian, avec qui il avait déjà été en contact. Quand il a écouté le solo d’Ivan sur Ocean, il m’a dit à quel point cette partie de guitare lui plaisait. Du coup on a imaginé un duo entre lui et Simon sur ce titre, qu’ils ont dû chanter malheureusement l’un à Paris et l’autre à Bruxelles pour cause de Covid. Mais cela a été un très beau moment avec Dominic. Et comme cette version d’Ocean est longue, on a décidé de la graver sur un disque à part pour le LP vinyle, qui est double afin que le son reste impeccable.
Il y a également Marina Keltchewsky (Tchewsky and wood).
J’adore son groupe, Tchewsky & Wood, qui avait fait la première partie de MDS au Liberté pour le concert de reformation. Et j’avais très envie d’entendre une voix féminine en duo avec Simon sur Brand New World. Cela fonctionne vraiment bien je trouve, d’autant qu’il y a une sorte de gémellité entre leurs timbres.
Christian Dargelos et Sergei Papail ex-membres de MDS sont eux aussi de l'aventure sur Holodomor et Je n’écrirai plus si souvent, chanson interprétée par Étienne Daho. Avec eux, c’est une boucle qui se boucle ?
Cet album relie les rêves de notre bande de post ados rennais, nourrie de fantasmes newyorkais à la fin des années 1970, aux musiciens qu’on admirait alors. Avec Etienne, Christian et Sergei c’est toute une famille qui a embarqué pour ce voyage dans le temps, participé à cette légère distorsion de la réalité qui nous fait partager un projet avec nos anciennes idoles. Ces retrouvailles en studio avec les chanteurs rennais ont été émouvantes au-delà du contexte. Nous n’avions pas collaboré en studio avec Etienne depuis près de 35 ans, et plus de quarante ans avec Christian et Sergei. Cela confirme que l’aventure du « rock rennais », au-delà de la musique, est une belle aventure humaine.Thierry, Éric et moi sommes très fiers d’y participer.
L'album a été enregistré entre la France, la Belgique et les USA. Comme cela s'est-il organisé ?
La production exécutive a été compliquée à mettre en place, mais les gens du label LADTK ont été très efficaces et chez Caroline/Universal, qui distribue, ils ont été là quand le besoin s’en faisait sentir. Il était important d’aller enregistrer les invités dans leur milieu naturel, d’abord parce qu’ils y sont plus à l’aise, mais aussi parce que cela permet de s’imprégner des lieux. Voyager pour un projet musical est très gratifiant, ça a le parfum de l’aventure et cela ressemble encore moins à du travail.
Les compositions des 13 titres sont-elles unilatérales ou au contraire conjointes avec les différents intervenants ?
J’avais maquetté une partie des titres à la fin de 2017, suite au concert du Liberté, après que Philippe m’a dit à la soirée à l’Ubu qu’il était prêt à remettre ça. C’est ainsi que sont nés Zagreb et Flags Of Utopia, dont on a gardé une partie des guitares de 2017. Une dizaine d’autres titres ont été finalisés lors des répétitions de 2018, dont Blind et Go Away, les titres que Philippe a interprétés. Pour ces titres, on a procédé comme avant : j’amène les suites d’accords, les riffs et une partie des mélodies de voix, et on fait tourner pour voir ce qu’il en ressort. C’est le moment où Éric et Thierry amènent leur son, leur patte. Philippe a écrit alors les textes des deux titres qu’il a enregistrés. L’arrivée de Simon a donné une nouvelle perspective à ces chansons, après beaucoup d’échanges entre Bruxelles et Rennes. Et puis il y a eu une première prise de voix aboutie sur Um Immer Jung Zu Bleiben au studio Synsound à Bruxelles. Quelque chose s’est passé à ce moment-là et on a su que Simon était définitivement des nôtres.
Et les autres textes ?
Je les ai écrits puisque Philippe n’avait écrit que ceux de Blind et de Go Away. Certains étaient en gestation depuis le début en 2019, comme Soulève l’horizon et Holodomor, nés au moment où Philippe me demandait de lui fournir des bribes de texte pour les morceaux en français. J’ai repris ces ébauches et me suis enfermé pour écrire le reste de l’album entre octobre et novembre. Ensuite Simon a collaboré à la réécriture d’une partie des textes en anglais. Cela nous a permis d’échanger un peu plus en profondeur et de découvrir que nous étions sur le même longueur d’onde dans la façon d’aborder l’écriture. Je lui ai ensuite demandé d’écrire un texte en flamand sur un autre titre. Il n’y a pas beaucoup de groupes de rock flamands qui chante dans la langue vernaculaire et je pensais que cela aurait été dommage de ne pas essayer. On a bien fait car bizarrement Glorie est le titre qui sonne le plus Marquis de Sade de l’album, avec Flags Of Utopia. D’ailleurs ils s’enchaînent sur le disque.
Tu chantes toi-même sur un titre (A Cidade Escondida) en portugais. D'ailleurs Aurora comporte plusieurs langages différents (français, anglais, portugais, allemand, néerlandais) pourquoi cela ?
Je me suis toujours senti profondément européen et je sais que les langues sont des ponts plutôt que des barrières. Parler plusieurs langues est une richesse et Simon est lui aussi polyglotte. Utiliser ces différents idiomes est logique puisque ce disque prône en plusieurs endroits l’identité européenne et l’ouverture d’esprit. D’ailleurs avec trois Bretons et deux Flamands (l’autre guitariste qui sera sur scène est un ami de Simon), nous n’avons jamais autant été un groupe européen !
Stéphane Perraux
(entretien paru dans le n° 14, hiver 2021)
MARQUIS Aurora - sortie le 5 février 2021 (LADTK – Caroline)
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ENQUÊTE DE GUÉRISON
Le breton Frank Darcel est un artiste caméléon : co-fondateur du groupe légendaire Marquis de Sade, il s’adonne également depuis de nombreuses années et avec talent à l’écriture.
Avec son quatrième roman,Vilaine blessure, un pavé de près de 600 pages, qui vient de paraître, il prouve à nouveau ( mais est-ce encore utile ? ) qu'il aborde chaque domaine avec excellence.
L'intrigue policière met en scène des personnages multi-facettes à la psychologie complexe, triturant l'esprit des lecteurs. La narration haletante et le sens du détail particulièrement bluffant captivent et parfois même dérangent. Une chose est sûre : vous n'en sortirez pas indemne.
Frank, personne n’est sans savoir (surtout pas les lecteurs de Persona) que tu es musicien mais également, écrivain, producteur, homme politique et collectionneur d’art. Où trouves-tu le temps et l’énergie de mener autant de projets de front ?
Toutes ces activités me passionnent... Quand on aime, on ne compte pas... Ni les heures passées, ni les week-ends travaillés, ni les vacances oubliées. C’est une question d’organisation par ailleurs. Ma journée démarre souvent vers 5 h 30 ou 6 h. Je consacre souvent les deux ou trois heures qui suivent à l’écriture; il peut s’agir d’un roman en cours ou d’un travail sur un communiqué politique ou faisant partie du projet Breizh Europa. Par ailleurs, je suis en train d’écrire mes « souvenances » ; je ne pense pas que cela méritera d’être publié un jour, mais cela me plaît beaucoup comme exercice. Il peut y avoir aussi quelques dossiers administratifs à préparer pour notre label associatif, LADTK. Je retourne ensuite dormir pendant une petite heure, la conscience tranquille (rires) d’une certaine manière, parce que j’ai profité de ce moment de la journée où l’on a l’esprit le plus clair et où tout est si calme. Ensuite, la journée normale peut commencer : réponses aux mails, coups de fils. Parfois un peu de guitare avant ou après le déjeuner. Le reste de la journée, après une courte sieste postprandiale, peut se décliner en répétitions avec différents projets ou démarches administratives. Le soir, je lève le pied après dîner. Un peu de netflix et un peu de guitare à nouveau, à la recherche de nouveaux riffs, pas trop fort, puis de la lecture souvent. Au lit vers minuit sauf en cas de sortie avec les amis, mais cela n’arrive plus qu’une fois ou deux par semaine; c’est nécessaire ceci dit. Il y a aussi des journées d’enregistrement consacrées au studio, puis à des soirées de détente. Il m’arrive également de passer beaucoup de temps en voiture, car le studio où je travaille est à l’autre bout de la Bretagne, et puis il y les dédicaces, et les amis à voir sur la côte. Tout ça ne donne pas un très bon bilan carbone, et manque de sport... (rires), mais je suis dans ce rythme depuis une grosse dizaine d’années maintenant; la direction de publication de l’histoire du ROK en Bretagne, le tome 1 sorti en 2010 et le tome 2 en 2013, et les campagnes municipales rennaises de 2008 et 2014 sont pour beaucoup dans l’installation de cette organisation du temps plutôt spartiate. Cela a été un tel boulot pour chacune de ces deux aventures ! Il y a cependant des époques de ma vie, plus anciennes, où j’ai pu prendre mon temps, su cultiver l’art de la glande. Je pense qu’à partir de la fin de l’année prochaine, je vais revenir à un rythme plus souple. Il y a deux trois choses importantes à aboutir avant.
L’intrigue de ton dernier roman se déroule principalement à Rennes. Pourquoi avoir choisi de le situer dans la ville où tu vis ?
Au départ, c’est parce que, ayant décidé que le livre allait mener de front plusieurs intrigues sur un timing très serré, je savais que j’avais intérêt à choisir une ville que je connaissais bien; pour ne pas m’égarer. Et puis j’ai beaucoup échangé avec différents officiers de police rennais, et ce qu’ils avaient à raconter, ces bribes de leur quotidien professionnel qui m’ont aidé à rendre le roman le plus réaliste possible, était finalement très imprégné des lieux. Délocaliser aurait donc été une prise de risque inutile. Puis, curieusement, alors que depuis quelques temps beaucoup de choses me dérangent à Rennes, à mesure que j’avançais dans le livre, je suis de nouveau tombé sous le charme de cette ville qui m’a tant plu dans ma post-adolescence. La visiter par l’écriture m’a rappelé ce qu’elle pouvait être.
Peux-tu nous expliquer le choix du titre, Vilaine blessure ?
J’ai travaillé autant que faire se peut la psychologie de tous les personnages importants du livre. Ils ont leurs fêlures, et tentent de comprendre pourquoi ils agissent ainsi et pas autrement. Cela tient à leur histoire personnelle, leur parcours, le plus souvent. « Je suis mon histoire » disait Goethe, et je crois que c’est très juste. Il se trouve que l’enquêtrice principale, Laure Jouan, a elle un compte à régler qui remonte à sa pré adolescence; cette vilaine blessure est surtout la sienne. Et puis il y a l’allusion bien sûr à cette grosse rivière lente qui parcourt la ville, et qui devait être si vilaine qu’on l’a recouverte de parkings sur son parcours en centre ville. Quelle hérésie !
As-tu rencontré des professionnels, policiers, médecins, juristes, psy ou des assassins (rires) pour réussir à construire une intrigue aussi documentée ?
Oui, bien sûr, c’est indispensable pour ce genre d’ouvrage. Faire entrer en scène des personnages hors du commun, des psychopathes ou des allumés qu’on ne croise pas au quotidien tient de l’imagination et du travail de romancier. Mais dans cette sphère du roman noir avec des aspects « scientifiques », la recette ne peut prendre avec ces personnages en général hors du commun, que si l’aspect plus quotidien de l’histoire est crédible : la vie du commissariat, les rapports entre les différents services de police, les procédures, les rapports de la police scientifique. Cela nécessite non seulement un travail de recherche et de documentation dont une partie peut se faire sur le net, mais surtout de rencontrer des femmes et des hommes de l’art, de terrain, et de leur demander de commenter les passages qui concernent leurs affectations. Pour pouvoir corriger ensuite. J’ai donc mis essentiellement à contribution un enquêteur de la PJ en retraite, Patrick Jezequel, qui a accompagné de manière suivie le processus d’écriture. J’ai visité le commissariat central et ai revu à quelques reprises des officiers de stups. J’ai aussi un copain qui vient de prendre sa retraite de la BAC, et beaucoup des choses qu’il m’a racontées sur ses services de nuit ont nourri le livre également. J’ai même pu rencontrer un officier de l’IGPN, qui a visé les pages concernant ce service, et accepté de me rencontrer, undercover.., dans le parc du Thabor pour en parler. Sans compter un pédopsychiatre, avec qui j’avais commencé médecine il a 42 ans, qui m’a beaucoup éclairé pour certains versants psychologiques de quelques personnages. Plus une neurologue, et deux procureurs... Et des lecteurs et correcteurs bénévoles à différents stades. Un vrai travail d’équipe finalement.
Outre l’aspect de l’enquête, tu abordes également le questionnement du désir. Ne trouves-tu pas que cela lui donne un coté très Sadien ?
La lieutenante observe que les humains sont ballotés de plus en plus entre deux pôles : la peur et le désir. Le livre évoque des personnages dont les peurs sont si grandes que pour la fuir, leur désir devient irrépressible et souvent incontrôlable. Ces personnages-là n’ont ni la sagesse ni la sophistication du Marquis de Sade, chez qui le désir se conjugue avant tout avec plaisir, et art de la philosophie... Même si certains, comme le docteur Lund dans mon roman, s’essayent maladroitement à donner un aspect intellectualisant et élitiste à leurs crimes.
As-tu déjà des idées pour ton prochain roman ?
Il y a de très bons retours lecteurs et libraires sur Vilaine Blessure, je pense donc écrire une suite. J’ai les grandes lignes en tête et comme une partie des personnages principaux existe déjà, cela pourrait donc sortir en 2022. Mais je prends juste des notes manuscrites pour l’instant. Nous avons un album de Marquis de Sade en préparation, et c’est plus urgent. Et il y a par ailleurs ce travail écrit sur mes souvenirs, « mémoires » me semble un terme trop pompeux en ce qui me concerne. Et je le fais pour le plaisir...
Stéphane Perraux
(entretien paru dans le n° 9, été 2019)
Vilaine blessure ( Le Temps Editeur) 2019
PS : En 2022, c'est un roman d'anticipation qui est sorti : L'armée des hommes libres (Coop Breizh éditions). Nul doute que dorment dans ses tiroirs, d'autres oeuvres restées probablement inachevées. Espérons que ses « mémoires » puissent voir le jour.
Bon voyage Frank.
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