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BIRDPEN – LE PETIT BAIN (PARIS) – 13 JUIN 2022



Rendez-vous était donné sur les berges de la Seine, au pied de la bibliothèque François Mitterrand, pour le concert des Anglais de BirdPen, dont ni le nom ni les sons ne sont étrangers aux fans d'Archive puisque les deux fondateurs du groupe de ce soir ne sont autres que Mike Hurcombe (alias Mike Bird) et Dave Pen, par ailleurs membres du collectif créé en 1994 par Darius Keeler et Danny Griffiths.


Entre les balances et le concert, Dave Pen et Mike Hurcombe se sont rendus disponibles (avec le sourire) pour Persona, l'occasion, de prendre le pouls des deux musiciens au début d'une tournée qui leur permet enfin de défendre All Function One, leur quatrième album sorti en pleine crise sanitaire.

Confortablement installés à une terrasse au soleil en cette fin de journée, les musiciens semblent aussi ravis que nous d'être là, après tant d'attente pour retrouver un semblant de vie culturelle “comme avant”.


L'INTERVIEW


Persona : Bonjour Mike et Dave, content de vous voir. Qu'est-ce que ça fait de repartir en tournée ?

Mike : « C'est génial, franchement »

Dave : « Nous avons fait la première date dans notre ville, Southampton, c'était très émouvant parce que beaucoup de nos amis sont venus, ça faisait longtemps qu'on n'en avait pas vu certains. La musique permet de rassembler les gens, et depuis un moment ce n'était plus possible. C'est bon d'avoir ce sentiment de travailler à nouveau, de pouvoir se concentrer mais aussi de s'amuser et de se lâcher. Malgré tout, en Allemagne, on a eu un sentiment bizarre lorsque l'on a vu les gens continuer à porter des masques. »

Mike : « Oui, c'était bizarre. »


Vous n'avez qu'une seule date en UK pour votre tournée, y-a-t-il une raison particulière à cela ?

Dave : « Pour être honnête, nous avons essayé d'avoir des dates à Londres, mais ça n'a pas pu se faire. Ce qui est un peu frustrant. On réessaiera plus tard, parce que nous aimerions vraiment jouer à Londres. »

Mike : « Beaucoup de choses sont différentes après la pandémie, certains des contacts que nous avions ne sont plus dans la musique, ils ont trouvé d'autres jobs dans l'intervalle. On a rencontré quelqu'un récemment qui était vraiment enthousiaste vis à vis de BirdPen, à Manchester, on va s'en occuper lorsque nous serons de retour. »


Parlons de All Function One, votre dernier album qui a 3 ans je crois ?

Mike : « Deux ans. Nous l'avons écrit en janvier et février 2020, juste au moment où la pandémie a commencé... On a mixé l'album pendant les période de confinements. Donc la sortie a dû être reculée, et l'album est paru à la fin de 2020 ou au début de 2021. On n'aura jamais pris autant de temps entre la sortie d'un album et la tournée pour le défendre ! »


Cette tournée vous permet de jouer en live pour la première fois les titres de ce nouvel album. On en a parlé, pas mal de temps s'est écoulé depuis la conception des morceaux, est-ce qu'ils ont évolué entre-temps ?

Dave : « Nous en avons adapté un ou deux. Mais en règle générale, ils étaient prêts à être joués tels quels, pas besoin d'y toucher. Ce qui est sympa, c'est que nous avons pu les expérimenter en live, notamment avec le violon. »

Mike : « Et pour cette tournée, nous avons de nouveaux membres, un batteur et une bassiste. Raphaëlle, la bassiste, était déjà sur l'album.»


Vous avez malgré tout été très actifs depuis la sortie de l'album : tous les deux avec Archive, et toi Dave, tu as sorti un album solo et un EP. Vous avez pu créer des nouveaux morceaux pour BirdPen en plus ?

Mike : « Non, pas vraiment, on a travaillé chacun de notre côté. »

Dave : « On ne s'est pas échangé d'idées, on n'en ressentait pas le besoin compte-tenu du fait qu'il y avait déjà cet album à défendre. D'autant plus que l'album d'Archive arrivait également.»

Mike : « L'enregistrement du nouvel album d'Archive a été vraiment intensif, il a fallu rassembler toute le monde ! »


Tu seras sur scène avec Archive, Mike ?

Mike : « Oui ! »

Dave : « Ça fait un moment que Mike est avec nous dans Archive. Il a remplacé Steve Harris, qui d'ailleurs est venu à notre concert de BirdPen en Belgique la semaine dernière ! »


Vous écoutez de la musique ?

Mike : « Pendant la pandémie, je n'ai pas écouté de nouveaux groupes. Maintenant je vis en Suède, donc j'écoute pas mal de groupes suédois, ça m'aide à m'améliorer dans la langue ! »


Il y a quelques années, vous avez souffert de la faillite de PledgeMusic...

Dave : « Oui, au moment où ça a fermé brutalement, ils devaient 5 millions de livres au total, à tous les groupes qui leur avaient confié leurs disques. Je crois qu'il y a encore des enquêtes en cours. Combien ils nous devaient, Mike ? »

Mike : « Entre 10 et 12 mille livres, ce qui est une sacrée somme pour nous. »


Comment avez-vous pu vous en remettre ?

Mike : « On est repartis en tournée... »

Dave : « Pour All Function One, nous avons organisé notre propre crowdfunding. Et ça a marché ! Et au moins l'argent est arrivé directement dans nos mains, ce qui était plus sûr ! »


Pour revenir à la tournée, pouvez-vous présenter Raphaëlle et Étienne ?

Dave : « Ils sont très bons ! Tous les gens avec lesquels nous avons travaillé avec BirdPen sont des gens bien, et c'est la condition. Avec le Brexit, c'est important pour nous de montrer que l'Europe fait partie de notre monde à nous, aussi on est contents de travailler avec des musiciens français. »

Mike : « On a connu Raphaëlle parce qu'elle jouait dans un groupe, Beautiful Badness, qui avait ouvert pour nous il y a 7 ans, et nous sommes restés en contact. Elle a sorti un album solo en 2019 et m'a demandé de jouer de la guitare sur un morceau. »

Dave : « On avait écrit les parties de cordes pour l'album et on se demandait si Raphaëlle pourrait les jouer, aussi on lui a envoyé, ça s'est fait comme ça. Et comme on cherchait aussi un batteur, elle nous a présenté Étienne. »


Qu'est ce qu'on peut vous souhaitez ?

Mike : « Dormir ! On a un agenda démentiel dans les jours qui viennent, 19 dates. »

Dave : « Ce soir ça sera la sixième date, on n'a pas de temps pour faire la fête en dehors. Ce qui compte c'est que le groupe soit en forme et que personne ne tombe malade. »

Mike : « On peut enfin à nouveau jouer... Pour revenir à ta première question, tous les soirs nous utilisons le même morceau instrumental en guise d'introduction. C'était très émouvant de l'entendre lors du premier show que nous avons fait, et de réaliser que nous sommes à nouveau là. Et désormais j'y pense à chaque concert. »


Merci à vous deux, et bon concert ce soir.


LE CONCERT


La salle du Petit Bain, qui rappelons-le est un bateau, est plutôt bien remplie pour la venue des deux Anglais. D'ailleurs, et sans surprise, l'on peut voir ici et là quelques tee-shirts Archive dans l'assemblée. Pour avoir discuté eux, certains spectateurs nous l'ont confirmé : c'est avant tout pour la musique de BirdPen qu'ils sont là, et non pour voir des membres d'Archive jouer (même si in fine c'est le cas). BirdPen a sa vraie base de fans, et c'est elle qui est là ce soir pour écouter des titres choisis parmi une discographie forte de 4 albums et quelques EPs. Autant dire qu'il y a largement de quoi concocter une belle setlist, ce qui sera le cas.


La programmation nous apprend que la première partie sera assurée par un groupe français appelé Kador, en toute modestie. Restait à les voir en action pour juger du degré de prétention de leur nom, et ainsi savoir s'il méritait de le porter tant la promesse pouvait sembler suspecte... Doutes immédiatement dissipés par l'énergie et la musique du combo. Sur sa page Facebook, le groupe définit sa musique comme du “cinematik rap”, et franchement, sans être capable de l'expliquer, le nom est assez représentatif de leurs sons. Si le chanteur est résolument dans le registre du rap, les musiciens envoient un rock puissant, le teintant d'influences glanées dans divers courants et styles dont la soul et le progressif, le tout avec 2 batteurs ! Un set impeccable et très apprécié du public, ponctué par quelques moments épiques lorsque le groupe décidait de tout lâcher. Kador n'a pas encore sorti d'album (un clip est disponible), mais c'est d'ores et déjà un groupe à suivre.


Après l'habituel changement de setup, les lumières s'éteignent à nouveau alors que la salle se remplit de d'une bande sonore, un morceau instrumental atmosphérique que BirdPen utilise à chacun de ses shows comme le confiait Mike avant le concert. Trois minutes d'un doux interlude à l'air faussement naïf car placé à dessein pour faire monter la tension d'un cran, et enfin arrivent les 4 musiciens. Comme sur le disque, Dave Pen et Mike Hurcombe sont accompagnés de Raphaëlle Germser, rejoints pour la tournée par Étienne à la batterie. Comme attendu, le concert fait la part belle aux titres de All Function One, ouvrant le set avec 10 des 12 titres présents sur le dernier album, non sans avoir pris le soin de faire figurer au moins un extrait de chacun des albums précédents. Dave Pen assure la grande majorité du chant, même si Mike vient de temps à autre lui prêter main forte, tandis qu'Étienne assure remarquablement derrière ses fûts, et, qu'au gré des besoins, Raphaëlle prend soit la basse soit le violon (relayée alors à la basse par Mike Bird) avec une maestria qui n'a rien à envier aux autres membres du combo. « Function », « Flames », « Off » « Traitors », « Seat 35 », « Modern Junk » sont autant d'occasions de s'enthousiasmer devant la maitrise et la complicité affichée par le groupe qui emmène littéralement le public avec lui. Il faut avouer que la configuration de la salle et la musique atmosphérique de BirdPen se prêtent particulièrement bien aux communions du type de celle que l'on a vécue lundi soir. Les quinze morceaux passent à une allure vertigineuse, jusqu'à ce rappel durant lequel le groupe gratifiera d'un épique « Only The Names Change », largement étiré et illuminé par des néons positionnés en bord de scène, comme pour prolonger le plaisir de ce moment durant lequel l'on n'a pu s'empêcher de repenser furtivement à un passé récent, histoire de savourer ces instants à leur juste valeur.


Après cette étape parisienne, le groupe enchaine les dates durant tout le mois de juin à travers plusieurs pays dont la France, l'Allemagne, la Pologne, la République Tchèque et la Belgique. Avant que Dave et Mike ne rejoignent Archive pour préparer la tournée du dernier album, Call to Arms & Angels, qui passera en France dès octobre prochain.


Textes : XAVIER MARTIN

Photos : CAROLYN CARO












La setlist :


« Blackhole »


« Function »


« Life in Design »


« Into The Blacklight »


« Flames »


« Changes »


« Off »


« Otherside »


« Traitors »


« Shakes »


« Seat 35 »


« Modern Junk »


« Oh So Happy »


« Blackhole (reprise) »


« Natural Rewards »


Encores :


« Undone »


« Only The Names Change »



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