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VioleTT Pi // Baloney Suicide

Photo du rédacteur: PERSONAPERSONA

©Raphaël Grandmont

VioleTT Pi avait fait la couverture du n°2 de Persona avec un bel autoportrait peint, car nous avions été ébahi par son Manifeste contre la peur, album de 2017 et son audace musicale. Après la vague de confinements qui a réduit à néant pas mal de projets, nous sommes heureux de présenter aujourd’hui ses nouvelles productions toujours autant pertinentes. Baloney Suicide au départ est un livre, recueil de textes courts et trash, « suintant d’alcool et de tendresse », publié en 2019. De cet exercice, sont nés les concepts narratifs de l'album sorti en avril dernier. En parlant de concept, Karl Gagnon a d'ailleurs fait écrire sa bio par une IA. Drôle, courte et pile-poil : « Style unique de divertissement qui fusionne des grooves percutants et une voix d'elfe avec une névrose flashy qui donne envie de penser en mangeant ». Nous avions donc envie d’y retourner, de prendre des nouvelles, livrées ici avec plaisir.


Baloney Suicide (suicide pour de faux) est-elle une expression québécoise ? Quelle est l'histoire de ce titre ?

Karl Gagnon : Baloney suicide, mourir pour de faux…. Un peu, peut-être, mais pas vraiment… Ça voudrait plutôt dire se suicider longuement. La notion du faux vient plus du "mettons-nous un terme à la bonne chose en se donnant la mort ".


Baloney Suicide est un disque assez déstabilisant. On y entend des morceaux avec beaucoup de changements de tons comme bousculés par des sautes d'humeur ! Les années Covid ont-elles été déterminantes pour sa construction qui a duré trois ans je crois ?

À propos de changement de ton, depuis le début de notre musique le changement de ton est très présent. Elle fait écho à la scène grunge, nu metal et même populaire où c’est fréquent d’arriver avec des surprises. C’est juste pour donner plus d’effet et ce n’est pas pour choquer comme on bloquerait un automobiliste pour le choquer. C’est pour agrémenter et élargir le spectre des sentiments. Pour ce qui est de La COVID, elle a fait comme une sorte de ralentissement dans mon processus, faire quelque chose sur une plus longue période, ça a ralenti mes tempos parce que j’étais de plus en plus calme. L’introspection a toujours été un leitmotiv pour écrire de nouvelles chansons.


Et justement, comment se construit un morceau de VioleTT Pi ?

C’est toujours à partir d’un sentiment, un feeling, c’est assez abstrait alors j’introduis un sujet à l’intérieur pour arriver à faire passer le message mais ce serait un message sans morale. Tout se fait en même temps, ce n’est pas consécutif, c’est empilé, brouillé et ça cohabite, ça prend du temps à démêler. Être rapide c’est juste finir quelque chose pour les autres.


©Raphaël Grandmont

Je crois savoir que cet album n'est pas autobiographique, mais plutôt comme une auscultation d'un monde qui ne tourne pas rond. Est-ce une façon de vous mettre en retrait, sachant tout de même que vous êtes impliqué à 100% dans chaque chanson ?

« On ne se verra jamais apparaître » alors la question, c’est un peu comme l’énoncé chez Foucault, c’est à l’intérieur mais ce n’est pas de ça qu’on parle. Et que j’y sois ou pas ça m’importe peu hahaha. Je comprends l’analogie du filtre, du témoin, cette espèce de traduction des choses mais je ne suis pas en mesure de la voir.


Tout n'est pas sombre non-plus, et il y a même beaucoup d'humour. Pour cet album comment avez-vous abordé l'écriture des textes, quelles ont été vos influences ? Roland Barthes est même présent ici dans Celui qui attend : ( "L'amoureux est celui qui attend " ).

Il y a beaucoup de Heidegger, de Deleuze et de poésie qui me touchent. Philip Guston et Lucian Freud que je porte en moi. Cet humour noir et étrange qui me vient de tout ce qui me fait éclater de rire quand la blague n’est pas claire. Voilà. Les références c’est peut-être le bout le plus personnel au fond.



Baloney Suicide au départ est un livre, un recueil de textes. Qu'en reste-t-il pour l'album ?

Évidement le titre, sinon c’est l’état d’esprit qui est dans le négatif mais pas vraiment. J’imagine que de faire quelque chose c’est déjà un signe d’espoir. C’est le début du processus de l’écriture. C’est la genèse d’écrire une chanson.


Votre frère, Akim qui réalise certains de vos clips a également sorti un livre Le cigare au bord des lèvres en 2022 édité chez le même éditeur, La Mèche. Un 2ème sort au même moment que votre 3ème LP. Quel pouvez vous dire de votre lien artistique et comment a t-il débuté ?

Mon frère a fait la totalité des clips. Notre lien c’est le vidéo, on a toujours fait des vidéos ensemble. Ça lui parlait de pouvoir expérimenter à travers le système de la musique. Le lien est assez simple, c’est notre compromis. J’aurais regretté d’aller dans le flashy parce que finalement l’esthétique en général est un peu un vide de sens pour moi. On se rejoint sur nos idées en vidéo probablement à cause de nos références communes.


Le magnifique morceau Pollen Saturnien dont le titre est un clin d'oeil aux Poèmes Saturniens de Verlaine, aborde l'acceptation de soi. Est-ce un thème qui compte beaucoup dans vos oeuvres en général .

Pollen saturnien, c’est un peu la pensée magique de « fais semblant ». Dans le but d’améliorer la vie d’un vrai beau et grand mensonge. C’est L’acceptation et le rejet en même temps. Le paradoxe est bon signe avec s’aimer et se changer. C’est des questions compliquées et je n’ai pas de jugement à donner là-dessus. Avec Verlaine qui ne s’aime pas beaucoup etc… Si tu ne t’es pas tirer une balle, tu as déjà accepté quelque chose. On est plus un système d’adaptation qu’un cristal. S’adapter à soi-même, ça roule. Ce serait la contagion, on n'est jamais vraiment les enfants de nos parents, on est quelque chose qui s’adapte et qui attrape, on est pollinisés et pas nécessairement par ce qu’on pense mais plus par ce qui nous fait penser, on est pollinisés par le pollen de Saturne. On tient beaucoup plus de ça qu’autre chose, on est frappés par la contagion et on se met à penser et on se met à être.



Jusqu'à présent vos pochettes étaient en couleurs et là on a juste du vert. Doit-on y voir cela comme les fonds verts au cinéma et y projeter sa propre image mentale ?

On est passés de la figuration à l’abstraction. J’avais envie que la pochette ait l’apparence d’un livre. J’avais envie d’éliminer le rock et d’apporter une démarche artistique. Que la musique soit abstraite et que le titre devienne le seul visage possible. Le concept n’est pas conceptualisé encore, il est très vivant. Le vert est une couleur étrangère pour moi, c’était peut-être une autre façon de me retirer ;)




Où en est d'ailleurs votre peinture aujourd'hui ?

Je me suis remis à la peinture pour le prochain vidéoclip. J’ai quelques toiles et je vous en glisse une photo. J’aimerais bien être un peintre mais je ne pense pas en être un. Du moins si je me mets à la peinture sérieusement, je pense qu’on va me perdre, hahaha.




Question Subsidiaire : Qu'est devenue l'idée du 2ème disque accompagnant Manifeste de la peur, votre 2ème LP (2017) puisqu'en plus l'emplacement du 2ème cd était déjà prévu ?

La place reste encore vide parce que le manifeste n’est pas terminé. J’attends que le temps passe et ça me fait bien rire. C’est un mood très précis et dark, je n’ai pas tant hâte d’y retourner mais un jour on va reglisser dans la mélasse et on fera ce qu’on peut avec la slush.

Merci beaucoup Persona, bisou à vous.


Frédéric Lemaître


Baloney Suicide (L-Abe / Horizon Musiques / Sony Music) 2023




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