top of page
Photo du rédacteurPERSONA

New Wave et Post Punk

Dernière mise à jour : 12 oct. 2020

Conférence de Christophe Brault au Théâtre Chateaubriand de Saint-Malo, 16 août 2019.

Christophe Brault
NEW WAVE // Conférence de Christophe Brault

Démêler cet imbroglio musical en deux heures, voici le pari que s'était fixé le conférencier, ancien disquaire à Rennes, spécialiste du rock psychédélique des années 60 et passionné de musique dont cette période ultime du Post Punk, de 1977 à 1983.

D'emblée on est embarqué par son ton libre et enflammé. Ses mots, anecdotes et historique des groupes sont parsemés d'extraits musicaux qu'il se fait un plaisir de diffuser très fort ("ce que je ne peux plus faire chez moi, hélas "), déclare t-il, avant de partir dans une gestuelle emballée par la musique, de jouer de l'air guitare, d'esquiver des pas de danse et de fredonner des refrains sur les nombreux morceaux que nous avons plaisir à découvrir ou à ré-écouter.

Le grand intérêt pour tout le monde, novices ou connaisseurs, c'est qu'il propose des titres parmi les moins connus des groupes cités. La conférence prend donc rapidement une belle envolée et le plaisir est palpable. On est à La Route du Rock, oui ou merde ???

Christophe Brault va donc ainsi séparer en huit familles cette courte période de l'après Punk, dénommé à défaut New Wave, à la mort des Sex Pistols, bien que le terme ait déjà fait son apparition avant le suicide volontaire du groupe de Johnny Rotten. C'est donc ce nom-là qui rassemblera une constellation de groupes aussi différents les uns des autres, d'où la complexité de les ranger dans des cases au vu de la richesse créative de chacun.

Une première famille est rattachée au Reggae ( The Clash, The Police, The Slits, Basement 5 ).

Une autre, elle, prend sa source auprès du Funk (Gang of Four, Au Pairs, A Certain Ratio, Section 25, Talking Heads ou bien encore Tom Tom Club).

Christophe Brault, nous apprendra en fin de conférence qu'il sortira un livre en octobre chez l'excellent éditeur Le Mot et le Reste à propos d'une des familles dont il nous parle juste après : la Power Pop, dans laquelle on retrouve Blondie, The Nerves, Go.Go’s ou autre dB’s. Là encore, grosse explosion de joie et de créativité. Il faut d'ailleurs noter l’originalité des pochettes de toute cette période. Il enchaine ensuite avec le revival Mods et notamment de l'importance de The Jam. Parmi d'autres groupes inclassables de la New Wave et malheureusement plus méconnus ou n'ayant jamais eu le succès mérité, on retrouve des formations comme Monochrom Set, Aztec Camera, XTC,  Fad Gadget ou bien les fantastiques Young Marble Giants. Puis il ouvre l'éventail de la famille Rock, plus large encore, mais dont les multiples directions prouvent la richesse de l'époque : U2, Skids, Big Country, Simple Minds, The Pretenders, The Undertones, Stiff Little Fingers, The Cramps, The Gun Club, Wall of Vodoo, The Fall, Wire, The Feelies...

Plus recentrés sur un son froid et une attitude sombre et distante, sinon romantique, la famille gothique, amplement dénommée Cold Wave en France, comprend des formations emblématiques où le noir sera la couleur d'un étendard sans concession : Siouxsie and the Banshees, Bauhaus, The Cure, Joy Division, Virgin Prunes, Sisters of Mercy, Mecano, Killing Joke, The Chameleons ou encore Christian Death, pour ne citer que les plus connus. Ces groupes décriés à leurs débuts sont définitivement devenus des classiques et marqueront finalement plusieurs générations dont on retrouve aujourd'hui encore l'influence.

Les deux dernières familles, à l'opposé même l'une de l'autre d'après Christophe Brault, se complètent en vérité.

Celle, compliquée, noise, indus, bousculée par les expérimentations de Throbbing Gristle, Cabaret Voltaire, SPK, Einstürzende Neubauten détonne, car il faut provoquer, surprendre… " Mais est-ce qu'on parle de New Wave, musicalement en écoutant ça ? " questionne Christophe Brault . "Evidemment non, mais ça fait partie tout de même de cette nouvelle vague qui arrive dès 75 / 76. " (ça ne l'empêche pas de conseiller Neubauten pour la sieste, déclenchant un rire général dans la salle). On glisse alors à la dernière famille, celle de l'Electro, à l'époque baptisée Techno Pop. Il y a évidemment les précurseurs Krafwerk, Devo, mais on va très vite voir apparaître des trios, des duos car grâce aux machines, on va pouvoir se passer de musiciens supplémentaires : " C'est donc un peu le début de la fin de l'amitié " assène Christophe Brault, un brin moqueur. A partir de là, toute l'Electro va irriguer la New Wave anglaise et américaine. Dans les groupes qui vont obtenir le plus de succès on retrouve Orchestral Manoeuvres in the Dark, Depeche Mode, Soft Cell, Yazoo, Mais de là découlera également une Electro plus dure et radicale comme celle du duo allemand D.A.F. "Finalement, la chose la plus incroyable, c'est que tous les morceaux que vous entendez depuis le début sont sortis en l'espace de quatre années, entre 1978 et 1981 " conclut Christophe Brault, qui démontre une fois encore le panel créatif incroyable de l'époque. Avec un humour décapant, et un entrain exemplaire, sa conférence enjouée a donc réussi à déblayer le terrain houleux de l'après Punk qui n'a cessé de se réinventer et d'explorer de nouveaux sons. Qu'importe donc les étiquettes, évidemment et c'est surtout, comme il le disait, une façon plus simple pour les marchands, de vendre la musique.

Il serait maintenant intéressant de survoler l'impact de cette "New Wave" sur les groupes français car il n'en a pas été question, mais c'est un sujet passionnant qu'il faudrait également détailler car il existe aussi chez nous plus d'une perle rare. A qui le tour ?

A noter par ailleurs qu'en marge de La Route du Rock et en écho avec cette conférence, les visiteurs de Saint-Malo peuvent également se délecter en images à l'exposition de photographies de Pierre René-Worms, tout simplement nommée NEW WAVE. Vous y croiserez des photos rares de Joy Division, Robert Smith, Dave Gahan, Johnny Rotten, Nina Hagen, Sting, ect.

NEW WAVE // du 27 juillet au 25 août 2019 à la Tour Bidouane, remparts de Saint-Malo.


Frédéric Lemaître

272 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page