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SINTHOME // A L'INSTINCT

Dernière mise à jour : 15 nov.


Le post-punk français peut être fier d'ajouter un nom à sa liste car voici qu'émerge de la ville de Nevers un trio vagabondant entre ombre fantomatique et lumière noire. De leur son très 79, Pauline G (batterie, choeurs), Max N (basse, chant) et Nicolas M (guitare, chant), déploient des compositions nerveuses et habitées d'une grande émotion. Après un EP en 2022 et une K7 en 2023, c'est un premier album en vinyle qui sort cet automne, L'Ombre des Croix.



Le groupe se forme en 2020 sous la houlette de Pauline et Max. Nico arrive en 2021 et votre premier EP sous forme de CD sort en 2022. En 2023 vous décidez de sortir une K7 au son plus brut, puis votre 1er album arrive enfin et en vinyle seulement. Aviez-vous décidé de tester tous les formats ?    

Max : Non pas du tout. Le EP avait déjà failli sortir en vinyle, mais à l'époque les prix et les délais étaient devenus délirants. 

Nico : Nous n'avions pas non plus énormément de morceaux à ce moment-là. La sélection a été celle de ces cinq titres.

Pauline : Avant de sortir un vrai album, il fallait que ça murisse, et de mon côté j'avais peu d'expériences de la scène, ça valait donc peut-être le coup d'attendre un peu avant de passer à ce format.

Max : Quant à la K7, Fantômes, ça n'était pas prévu au départ et c'est d'ailleurs ce qui nous a pris le moins de temps à faire.


On a même l'impression que ce sont des démos. 

Nico : C'est ça, ce sont des titres un peu casse-gueule que nous ne pouvions pas enregistrer proprement, ce sont les premières ébauches.                                        

Max : Ce sont effectivement nos premières compos et nous ne voulions pas les mettre sur le EP car nous avions des titres plus aboutis, mais nous ne voulions pas non plus les jeter à la poubelle.                         Pauline : C'est d'ailleurs pour ça que ça s'appelle Fantômes.


Il y a eu plusieurs étapes avant la sortie de ce premier album, racontez-nous.

Max  : Nous avons terminé l'enregistrement en septembre 2023, il y a un un peu plus d'un an donc. Nous avons ensuite fait faire le mixage par Seb Normal qui habite à Strasbourg et ça s'est étalé sur quatre, cinq mois. Il a fallu démarcher des labels, attendre les financements, travailler sur la pochette et faire des concerts en parallèles.



Ce mixage a t-il vraiment fait bouger la structure de vos morceaux ? 

Nico : Oui, pour certaines parties. Seb Normal a aussi ajouté des effets. 

Pauline : Il y a notamment deux morceaux où il a enlevé un pont et c'est beaucoup mieux comme ça. Nous lui avions laissé carte blanche car nous connaissions son travail avec d'autres groupes.


J'ai remarqué des claviers sur certains morceaux alors que vous n'en n'avez pas sur scène.

Pauline : Sur un morceau en particulier, ( Mauvais Penchants ) nous avions envie d'un peu plus de relief, nous avons donc tenté de poser un clavier, mais de façon discrète.

Max : Le fait qu'il n'y en ait pas sur scène ne nous dérange pas, il y a une autre énergie qui se dégage, mais là, l'enregistrement se prêtait bien à ce genre d'expérience. 

Nico : Avec le EP et la K7 où nous étions restés dans un son brut. Pour cet album nous ne nous sommes pas mis de limites.


Contrairement à la plupart des groupes français qui explore ou ont exploré ce genre musical à tendance cold wave, vous avez choisi notre langue pour vous exprimer.

Max : Ça a été une décision naturelle et je suis fier de ce choix. Notre premier morceau qui s'appelait Fantômes justement et que nous n'avons jamais enregistré, est né d'un cadavre exquis au niveau de l'écriture, on est donc tout de suite parti sur du français, presque instinctivement. Avec le recul, je me dis que je ne pourrais plus jamais chanter en anglais, dans aucun groupe, alors que chanter dans notre langue me rebutait auparavant.                                                                                                                                   

Les groupes de Nevers n'ont pas beaucoup eu l'habitude d'explorer ce genre-là. Comment vous situez-vous dans cette ancienne cité du rock ?

Nico : On écoute ce qui se fait, on est curieux, mais on ne se compare pas. Nous avons aussi le désir de faire des concerts partout, donc on évite d'avoir cette étiquette locale, ça n'est vraiment pas quelque chose qu'on revendique, contrairement à d'autres formations.

Max : A Nevers, on ne s'inscrit pas réellement dans une scène, car la notre n'existe pas vraiment ici. Nous avons par contre la chance d'avoir rencontré No Way Asso, une association / Label qui organise des concerts et dont les membres s'investissent et soutiennent les groupes émergents du coin, mais sinon nous sommes un peu seuls dans cette esthétique.


En parlant d'esthétique, vous n'avez d'ailleurs pas le look associé généralement à cette musique, vous ne jouez pas là-dessus. 

Nico : La représentation n'est pas spécialement ce qu'on travaille, ça n'est pas notre priorité.                 

Pauline : On fait quand même attention un minimum, mais déjà on ne s'interdit pas la couleur ! Faire le contraire serait prendre le risque de tomber dans le cliché et tout simplement ça n'est pas nous.                 

Max : La question est pertinente et je me la pose assez souvent car c'est vrai que nous n'avons pas vraiment d'incarnation visuelle très forte. C'est aussi la question de savoir si tu te mets en scène aussi dans la vie de tous les jours, ce qui voudrait dire que quand on se balade dans cette petite ville de Nevers, il faudrait aussi qu'on ait le look correspondant. Un ancien groupe de Nevers, les Dizasters avait ce truc là. Les membres du groupe étaient toujours bien sapés avec des petits foulards, de belles chaussures... mais nous, nous ne sommes vraiment pas là-dedans, nous sommes juste des gens normaux.                                                              

Pauline : Ça n'empêche pas d'ailleurs un certain public de ressentir cette esthétique « dark » par les textes. Donc finalement nous n'avons pas besoin en plus de nous habiller en noir. (rires)



Vos textes d'ailleurs sont courts, plutôt abstraits et introspectifs, comme des poésies du ressenti. Comment s'organise l'écriture dans le groupe ?

Max : Tout le monde écrit, c'est d'ailleurs très souvent des textes qui arrivent complets et auxquels on ne retouche pas.

Nico : On a tout expérimenté donc c'est plutôt intéressant, mais il y a aussi Memento Mori, un morceau apporté par Max, sur lequel on a tous ajouté une touche, un vers ici, une rime là… Pour celui-ci d'ailleurs, le titre a été choisi en commun.



Dans ce morceau justement, on a l'impression d'être dans une époque lointaine où on conduit les audacieux à l'échafaud. Il y a un côté médiéval.

Max : Je suis content que tu le mentionnes parce que c'est ce que j'avais en tête. J'étais parti de l'image d'un assassin qui sort la nuit dans une rue mal éclairée comme celles des Ouches à Nevers. Il y avait un côté cinématographique... ça parle d'une espèce de paranoïa, une terreur qui s'abat sur la ville.


Durtol, le dernier titre de votre album évoque un corps à l’hôpital et la pensée du malade qui divague. C'est peut-être justement le moins abstrait.

Nico : Des quatre textes que j'ai écrit sur l'album c'est le premier que j'ai fait. Je cueillais les mots à la volée, c'était vraiment le coeur qui écrivait parce que j'avais un ami en grande difficulté émotionnelle et morale et qui a fini en hôpital psychiatrique à Durtol, une ville d'Auvergne qui donne son nom au morceau.


Le titre de l'album et votre pochette collent bien avec une certaine idée du post-punk.

Pauline : Exactement. On peut interpréter ce titre de différentes façons et ça pourrait très bien être l'envers du décor, tout le côté sombre qu'il y a derrière le religieux. La pochette a été réalisé par une amie. L'écoute de notre disque lui a inspiré cette Mater Dolorosa. Elle n'a pas de visage, elle a trop de douleur pour en avoir un. Donc c'est vrai, il y a vraiment quelque chose autour du religieux qui plane dans notre univers. Va savoir pourquoi ! C'est peut-être une des seules réponses à la folie où à la mort. Ce côté froid et rigide que renvoie la religion transparait donc dans nos compositions. De mon côté, j'adore les icônes, je ne saurais dire pourquoi non plus, mais j'aime cette esthétique.

Max : Lucie a tout de suite élaboré cette image et c'est vrai que le thème de la religion irrigue tout le reste, je le sens comme ça. Ça n'est pas notre sujet de prédilection, mais c'est un élément qui avait l'air de parler à tout le monde.


Frédéric Lemaître


Le reste de l'entretien est à retrouver dans le N°27 de PERSONA.


Le groupe sera ce soir, jeudi 14 novembre 2024 à 18h au Café Charbon de Nevers et la revue Persona sera également disponible.

Nous pourrons également entendre le groupe à Lormes samedi 16 novembre 2024. Enjoy, division !


L'Ombre des Croix

(no way Asso/table basse records/Stank Bloc Records) // 2024.




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