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MAXWELL FARRINGTON & LE SUPERHOMARD




TWICE


C’EST L’UNE DES GRANDES NOUVELLES DE CE DÉBUT D’ANNÉE : LE FACÉTIEUX DUO FRANCO-AUSTRALIEN, MANIFESTEMENT EN FORME OLYMPIQUE, REMET ENFIN LE COUVERT.

NOTRE EXPERT EN MÉTÉOROLOGIE EST D’AILLEURS ABSOLUMENT FORMEL - AVEC CET ÉPATANT PLEASE, WAIT…, L’HIVER EST D’ORES ET DÉJA MOINS RIGOUREUX ET LES PETITS MATINS MOINS GRIS.


Maxwell Farrington - chef cuisinier, crooner à moustache et responsable en 2021 d’un disque en solo parfaitement ahurissant - et Christophe Vaillant – brillant songwriter et collaborateur occasionnel de Paul Weller - ne sont pas seulement des gens extrêmement doués et sympathiques – ils sont également fort prolifiques. Si leur label Bordelais Talitres les écoutait, nos deux zozos publieraient sans forcer - et comme il était d’usage dans les sixties - deux albums par an et un single tous les trois mois.

" Oui j'aimerais énormément ! confirme Christophe. C'est souvent long de devoir attendre entre deux sorties. Le délai entre le moment où la chanson est enregistrée et sa publication est souvent interminable pour moi et c'est particulièrement le cas dans notre style de musique. Les labels et les tourneurs ont besoin de temps entre chaque parution pour bosser – il y a tellement de sorties chaque semaine maintenant ! "

Nul besoin d’aller chercher plus loin le sens de l’injonction qui donne son titre à ce deuxième album.

" C’est simplement parce qu’on l’a terminé fin 2022 et que Talitres nous a demandé d’attendre plus d’un an pour qu’il sorte - mais ça peut également avoir le sens de 'attends tu vas voir ce que tu vas voir…'."

Nous opterons pour cette seconde option tant Please, Wait… est une franche réussite. Soyons factuel : il s’agit très probablement de ce que Maxwell Farrington & Le SuperHomard ont produit de mieux à ce jour. Entre évidence pop – ces irrésistibles Hexagon et Catch 42 qui feraient d’impeccables singles – et majestuosité – The Boat et The Nimbostratus Jig en ouverture, histoire de terrasser l’auditeur d’entrée de jeu – on retrouve tout ce que l’on aime chez nos deux amis mais la palette s’est encore enrichie. Castagnettes, soupçons d’electronica ou larmes de pedal steel - comme sur ce Postprandial Promenade partagé avec Nadine Khouri qui fleure bon son Calexico. Ne manquent que les trompettes Mariachi et nous sommes à Tucson ! " Nadine est signée chez Talitres comme nous et on avait trouvé son disque très beau. On imaginait ce morceau avec une jolie voix féminine et on lui a naturellement demandé de participer. Elle est hyper sympa en plus et ça s'est fait très simplement car elle n’habite pas très loin de chez moi."



 

Une impression de fluidité se dégage de ce disque – comme s’il avait été réalisé avec aisance. On n’imagine d’ailleurs pas un instant notre doublette suer sang et eau sur ces chansons délicatement ajourées. Rien de laborieux ici – tout n’est qu’évidence.

" Pour être franc, de mon côté ça a été plutôt facile en effet - les morceaux se sont enchaînés assez rapidement. Du côté de Maxwell, je pense que les compositions ont été assez évidentes également. Il a en revanche consacré un peu plus de temps aux textes car il voulait quelque chose de plus travaillé que sur Once - qui était plus spontané."

Agrémenté d’un très bel artwork réalisé par Kevin Lucbert et Pascal Blua, Please, Wait…  voit grand, serti d’arrangements de cordes et de vents interprétés par des musiciens de l’Opéra National de Lorraine.

" C’était très cool : L’Autre Canal – une salle de concert à Nancy - nous a prêté le club où nous avons pu disposer les musiciens de l’orchestre et placer tous nos micros. Ils ont été très coopératifs avec nous. Ils ont fait ça très sérieusement. C’est moi qui avais écrit les partitions et le Premier violon a jeté un œil dessus. C’était un peu de stress de faire jouer mes trucs par des musiciens de ce niveau – j’avais un peu peur qu’ils trouvent ça nul mais tout a roulé."




 

Adoubés par Paul Weller et Iggy Pop, les disques précédents avaient eu excellente presse et même si on leur connait quelques détracteurs, Maxwell Farrington & Le SuperHomard sont désormais attendus. On imagine que le souci d’avoir à faire au moins aussi bien - voire à se renouveler quelque peu – aurait pu occasionner une petite pression.

" Oui un tout petit peu, vis à vis de Talitres surtout car on espérait ne pas les décevoir mais concernant la presse ou la radio on est loin d'être assez connus pour avoir une véritable pression : nous ne sommes encore ni Blur ni Artic Monkeys. A mon sens nous avons évolué entre les deux albums et le prochain sera lui aussi différent. Mais ce n'était clairement pas le moment pour nous de prendre une direction rap autotuné, doom ou techno hardcore. On essaye juste de faire le disque qu'on a envie d'écouter. Quant aux détracteurs, il y en a forcément quand tu as un peu de bonne presse ou d'exposition. C'est le jeu et c'est normal même si sur le coup ça rend parfois furax - quand ça implique de la jalousie ou de la bêtise pure par exemple - mais tout le monde n'est pas obligé de t'aimer non plus, c'est impossible. Après, si tu écoutes les ‘conseils ’ que te donnent tous les gens, surtout ceux qui ne t'aiment pas, que tu essayes d'adapter ton truc pour plaire à tous, tu finis par faire de la soupe pour de bon. C'est le cas quand tu ne sais pas toi même où tu veux aller ou que tu ne crois absolument pas en ce que tu fais."

 



Topinambur, Plat Du Jour ou Galbulus - les deux équipiers semblent avoir un goût particulièrement développé pour les titres farfelus. " La plupart du temps c’est Maxwell mais Galbulus c'est de moi. La Galbule est le fruit du cyprès, une espèce de boule un peu dure qui fait super mal quand tu la jettes fort dans l'œil d'un détracteur par exemple."

Au rayon clins d’œil, les aficionados de Squeeze apprécieront certainement la référence à Up The Junction sur Begging’s Not My Business. L’espiègle Maxwell Farrington la fait même à l’envers à l’agent 007. " Stirred but not shaken est en fait le titre de l’auto-biographie de Keith Floyd, mon idole culinaire explique Maxwell. C'est un petit jeu de mot en référence à Ian Fleming".

 

Scott Walker, Frank Sinatra, Lee Hazlewood, Burt Bacharach, John Barry ou encore François de Roubaix – la musique de Maxwell Farrington & Le SuperHomard a beau être ultra référencée, elle ne sent jamais la naphtaline. Mieux : lumineuse comme une ouverture millimétrée de Toni Kroos – mais non exempte de cette mélancolie qui lui sied si bien - elle parvient toujours à se montrer captivante. Chaque chanson ravit l’oreille – il s’y passe toujours quelque chose.

L’année qui débute promet d’être chargée - et on sent que le duo en a encore sous la semelle de ses Clarks.

" La suite, c'est tourner, tourner, tourner : on a un super groupe de scène et on adore faire des concerts. On veut jouer ces chansons - et les anciennes - devant un maximum de gens maintenant. C'est impératif ! On a toujours le projet de faire d'autres disques ensemble, bien entendu. Je me consacre pleinement à ce duo avec Maxwell. Je ne sais pas du tout si je referai des trucs sous le nom de SuperHomard en solo dans le futur : peut-être un truc juste instrumental - qui n'intéresserait pas grand monde je pense - ou avec des invités prestigieux issus du gratin du showbizz : qui sait ? Bien sûr, j'aimerais aussi écrire des chansons pour d'autres artistes, des musiques pour des films... Et la collaboration avec Paul Weller arrive dans quelques petits mois sur vos platines. J'ai hâte ! "


MATHIEU DAVID BLACKBIRD


Maxwell Farrington & Le SuperHomard  Please, wait… (Talitres) 2024




 

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