top of page
  • Photo du rédacteurPERSONA

ALICE GIFT // Échos d'ego


Chrystabell - Marc Collin
© Philipp Boegle

Nicolas Isner, alias Alice Gift distille depuis Berlin sa pop mélodieuse tel un bonbon empoisonné. Commencé en solo, son premier album Alles ist Gift à finalement été enregistré avec sa compagne Djamila Paris et accouche de sujets sensibles dans une mise à nu authentique.


 

Dans Fatherland, tu évoques la sensation d'appartenance à quelqu'un, comme père et fils, mais la désillusion domine. Le sentiment de substitution est-il une impasse d'après toi ?

La substitution n’est pas une impasse selon moi, mais une nécessité pour nous permettre de survivre à un manque. Le danger par contre serait de ne pas savoir reconnaitre la différence entre le substitut et l’élément manquant. Il pourrait s’avérer fatal de croire que la substitution puisse nous guérir du manque. La substitution est un outil, une béquille qui nous sert, si elle est utilisée de manière palliative à continuer de fonctionner.


Dans Jeunesse Dorée, seul morceau en français, tu évoques également l'absence du père et d'être un fils manqué. T'est-il malgré tout, plus difficile de t'exprimer dans ta langue natale ?

Alors dans ce cas précis c’est le thème de l’élitisme qu’a défini le choix de la langue utilisée. Pour moi qui ai grandi simultanément dans plusieurs cultures je peux affirmer que l’élitisme est une idéologie spécialement française. Mais pour reparler de la langue, il ne m’a jamais été simple d’incorporer de la musicalité à la langue française, surtout quand on est comme moi imprégné à 99% de cultures anglo-saxonnes. Mais j’ai voulu essayer et le thème ainsi que l’esthétique s’y prêtaient parfaitement.

Ton album se termine par Denial, un somptueux Piano-voix. Le mensonge et le déni hante ce morceau superbe, mais tu dis aussi que si la vérité sort, la laideur sera intense. « Personne ne veut entendre toutes ces histoires. Qui veut vivre dans un tel monde ? » Cacher la réalité ou la mettre à jour a t-il été pour toi un des choix les plus difficiles ?

C’est le plus grand aveu de faiblesse que j’effectue dans ce titre. La faiblesse de cacher la laideur provoquée par les blessures. De masquer la réalité, de sur-jouer le beau, d’enjoliver le triste, d’imiter le positif, d’avoir cru en quelque chose de faux, et l’arrogance de vouloir créer un monde sans défaut. Le déni est le substitut suprême de toute forme de douleur.

Frédéric Lemaître


Alice Gift

Alles ist Gift Cymbeline Records (Digital) / No Emb Blanc (LP / CD) // février 2021.

Retrouvez la suite de l'entretien dans notre N°17



102 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page