
Ce soir, mardi 14 janvier 2025, nous retournons au Trabendo pour une soirée spéciale, puisque c’est la tournée des vingt ans d’H-Burns, dont c’est la troisième étape. Le groupe de folk-rock à la sauce californienne de Renaud Brustlein, natif de Romans sur Isère, qui a su bâtir sa carrière sur la longueur, a promis de revisiter une bonne partie de sa pléthorique discographie avec un effectif au complet (basse, batterie, claviers, trombone, lap steel) plus quelques invités « locaux ».
Pour l’occasion et pour ne pas empiéter sur la logistique installée sur scène, le groupe de première partie, le trio Eddie Djé et ses Silhouettes ambiance à l’arrière de la salle, avec des reprises instrumentales et swingantes de tubes des années 50/60, allant de Daniella à Rumble. Pendant ce temps le Trabendo se remplit…
Sur les coups de vingt et une heure tapante, le groupe fait son apparition sur scène accompagnée par la voix tutélaire de Woody Guthrie et c’est parti pour une démonstration de bonheur partagé. Camille Luca (Ottis Cœur, Roma Luca) est à la basse et assure des chœurs harmonieux et indispensables (plus tard elle s’occupera du nom moins indispensable stand de merchandising). Yann Clavaizolle (Pain Noir, Cocoon, Elderberries) tient la batterie, agrémentée de percussions diverses et de chœurs. Antoine Pinet (Pain Noir, Dead Horse One, Sammy Decoster) alterne guitare électrique, lap steel et claviers. Enfin Ben Lanz (The National, Beirut) joue aussi les multi-instrumentistes, ajoutant à la panoplie déjà citée, un trombone à coulisse. C’est grâce à cette bande que les ambiances seront si changeantes, si différentes tout au long du concert, et parfois au sein d’un même morceau !
Les trois premiers morceaux, nouveaux et anciens, font guise de tour de chauffe. Et le concert démarre véritablement aux premières notes de deux chansons de Night Moves, l’album tant chéri sorti il y a dix ans déjà. Wolves et Radio Buzzing décollent et groovent un max. Puis vient le nouveau single propulsé en ce début d’année par la collaboration avec Joey Burns de Calexico, Morning Flight. Cette chanson, Renaud l’avait enregistré seul il y a quelques années et quand l’album Sunset Park est sorti, Joey l’a entendu et s’y est reconnu. C’est lui qui a proposé d’y ajouter sa patte, en livrant une voix touchante sur le même texte et lui permettant de prendre ainsi une ampleur fantastique.

La suite se déroule avec un Jonathan Morali ressuscité de Syd Matters, officiant à la guitare et aux claviers. Renaud nous rappelle que Jonathan est un pilier pour H-Burns, ils se connaissent depuis We Go Back, et les retrouvailles complices qu’ils nous offrent durent le temps de trois chansons. Renaud nous livrera même un scoop en guise d’au revoir : un nouvel album de Syd Matters auquel il a participé est attendu pour la fin de l’année.

La délicatesse du duo avec Kate Stables de This is the Kit, qu’on retrouve toujours avec plaisir, pour un Sister fragile, dévoilé il y a dix ans à l’occasion d’une exclusivité pour le site Mediapart, fait chavirer les cœurs, même s’il faut tendre l’oreille tellement elle chante doucement. Put Your Hands est plus affirmé, mais tout aussi émouvant et donne vraiment envie que la série se prolonge.

Mais Bertrand Belin qui clôt le défilé des invités, joueur, tellement ravi d’être sur scène qu’il alterne chant et pas de danse, sourires et mouvements de bras, en rythme avec la syncope du long morceau La Nuit est entrée. Le public suit, danse et ovationne sa sortie de scène.
Renaud est ravi, même s’il prend souvent un air goguenard, sans doute une façon de se protéger de la chute après l’adrénaline de ce moment partagé avec un public à la fois attentif et joyeux. Il sourit tout le temps, tout à la fois reconnaissant d’être là et éberlué que ces vingt ans soient passés si vite. Tout le monde est au diapason, les invités sont aux anges. Qu’il joue en acoustique ou en électrique, il a pour habitude de brandir sa guitare au vent comme un étendard. Il se retourne très souvent vers ses musiciens au risque d’attraper un torticolis avec cette générosité qui nous attache à lui depuis les débuts de H-Burns.

La version éponyme de Night Moves dure sept minutes de montée en tension épique qui frise carrément l’apesanteur pour le public. Le final de Movies clôt la célébration de l’anniversaire, entre dignité et liesse collective, sur un duo de guitares avec Ben Lanz, qui s’affirme enfin sur le devant de la scène. L’ambiance est proche de la ferveur d’un concert de The National, notamment quand tous les musiciens et invités reviennent pour un salut final enjoué. Mais le public en redemande : on ne fête ses 20 ans qu’une fois !
Renaud revient pour évoquer Los Angeles qu’il connait bien, puisqu’il y enregistre ses disques avec Rob Schnapf, pour la décontraction locale qu’il y perçoit (percevait ?) qui donne sa langueur à ses chansons, comme sur Sunset Park sorti l’an dernier. C’est donc en solo et en acoustique qu’il jouera Big Surprise qui prend un nouveau sens alors que les incendies continuent à ravager LA et nous renvoie à la nuit qui nous attend dehors.
STAN DEGRÉ ET CATHIMINI
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