Un premier album, ce pourrait être une carte de visite ou un recueil de photos d’amis. Mais quand on vient d’y consacrer cinq années, l’ampleur de l’œuvre est déjà conséquente ! Alors quand, en plus, des fées se sont penchées sur le matériau de la trentenaire, la voilà grandie, et, immense, d’un coup !
Comme incarnant l’une ou l’autre de ses diverses facettes dans le clip de Douce ou celui de Pyromanes, qu’elle a orfévrés, entourée, et avec soin, Clara Ysé s’invente et se réinvente, en même temps, au gré de ce que lui susurrent ses muses.
Syncrétisme musical, lyrisme latin enjoué du timbre vocal, double sens des mots qui ouvrent des allées de pensées, l’enfant d’artiste cultive un univers fécond qui vient considérablement enrichir l’horizon de son auditoire.
En live, l’émotion la submerge ! Rien de moins puissant quand « une nuit s’élance de l’océan » (l’Énéide, Virgile). Pendant féminin du Matrice de Wilfried, mais plus catastrophé dans l’ambivalence de ses sentiments, Clara Ysé se sauve et élève sa musique grâce à un phrasé ponctué, tantôt accéléré, tantôt chamarré, d’une strophe à l’autre dans la même chanson.
Les titres L’étoile, Le désert ou les deux odyssées érotiques enfiévrées Soleil à minuit et Magicienne sont déjà de courts poèmes, pas étonnant puisqu’a jailli de sa casquette d’écrivaine le roman Mise à feu il y a deux ans, dont l’écriture n’avait pas encore atteint la justesse d’aujourd’hui.
Stan Degré
Oceano Nox (Tôt ou tard) 2023
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